Etain, la fée séraphique

X. De la fée séraphique .X

~Prologue~

"Il était une fois..."

Non. Cette histoire ne saurait débuter ainsi.

C'était un être du peuple des fées. L'un de ces mystères aux ailes transparentes et aux silhouettes éthérées, l'un de ces souffles discrets qui font danser les herbages, l'un de ces bruissements imperceptibles... C'était une chimère. Un rêve oublié, un songe réprimé, un peu de lumière trop pâle. Une luciole dans la sorgue.

Comme les autres fées.

Elle s'appelait Etain, Etaine, Etan, poésie. Elle était aimée, à l'égal de sa beauté et de sa douce folie. Les fées peuplaient les terres sauvages, là où nulle souillure ne venait pourrir la fraicheur sylvestre des végétations luxuriante, là où la paix n'était pas encore une illusion, là où était né le monde et là où il serait inhumé s'il venait à disparaître.

Elle était partie, un jour et elle s'était rendue au cœur des ténèbres, en la terrible cité de Meridian. On ne savait pas pourquoi. Quelqu'un savait, sûrement, mais il restait silencieux. Elle ne redoutait pas l'ombre et s'y fondait à merveille, comme le jour se marie à la nuit pour fonder le sublime clair-obscur.
Elle restait évasive, discrète, mais ô combien indépendante. Elle n'avait foi en rien.

C'est un conte cruel.

C'est l'histoire d'une fée qui ne prônait pas le bien. Une fée aliénée. Une fée dont le cœur s'était glacé, comme sous l'effet d'un froid trop vif, et dont l'enveloppe d'albâtre semblait impossible à briser.
Oui, c'est une triste fable.

C'est l'histoire d'une enfant qui chute des nuées de l'innocence jusqu'au gouffre du vice, aussi. Elle y trouva son compte.

Peut-être y est-elle encore.

X. De la fée séraphique .X

~I~

"Dis ? Tu me racontes une histoire ?"

C'était une fée. Elle avait déserté les sphères célestes et sylvestres de la féerie pour se rendre en des lieux plus sombres.
Elle voulait vivre comme une mortelle mais ne renonçait pas pour autant à sa magie. Elle n'avait pas d'aspect définitif.

C'était une nymphe. Elle était douce et bonne mais fascinée par les ténèbres. Elle était éolienne, éthérée, grâcieuse et rieuse. Elle respirait le bonheur. Ses yeux avaient la clarté des eaux d'un torrent et son souffle était si léger que la complainte de la brise qui frôle l'onde de sa main invisible.
Mais elle était obsédée par la noirceur qu'elle n'avait pas, et comme le papillon qui se précipite dans le feu de la lanterne qui l'attire, elle s'y jetta sans réfléchir.

C'était une partie de la déesse, mais elle était instable et fragile. Elle ne savait pas vraiment ce qu'elle voulait. Elle rêvait juste. Cela suffisait pour les êtres de nature féerique. Ils ne vivaient pas, ils songeaient, puisqu'ils n'étaient eux-mêmes que le produit éternel d'un onirisme récurrent.

C'était un spectre. Elle errait sans savoir. Elle murmurait des cantiques insensés. Mais jamais, jamais elle ne regretta. Jamais elle ne regretta d'être partie, ce jour là.
"Je m'en vais", avait-elle dit, "Je m'en vais rejoindre la nuit car le jour m'ennuie", et, riant, elle avait déserté les nuées diaphanes.

En bas, ailleurs, tout était différent. Mais elle s'était vite adaptée, comme ce reptile dont la teinte se calque sur celle de son milieu. Elle maniait à merveille l'art du mimétisme.

Mais tout ne fut pas si simple car les ténèbres étaient rudes pour ceux qui s'étaient arrachés de l'astre...

... en somme, il s'agit ici d'Etain la lumière ..

(alors oui je sais, elle est nulle, je sors, j'avale la clé etc etc ...)

(Oui, mais cela reste une fée allumée quand même)