[BG] Elheana de Mortevallée

Le Kormyr, un royaume paisible depuis plus de 40 ans s'étendant de la mer du Sud jusqu'aux glaciers du nord. C'est dans ce royaume que se trouve le domaine de Mortevallée, à l'origine, une terre ravagée par la guerre, noire des cendres des nombreux conflits et plus particulièrement de la dernière guerre contre des armées venues d'au-delà des mers, d'où son nom, donné par la population de l'époque.

Pendant 20 ans il s'entêta à en faire un comté parfait, ou il ferait bon vivre, ou la population se sentirait heureuse et ou il pourrait fonder sa famille et montrer au royaume que malgré les blessures et souffrances de la guerre, il était possible de les guérir. Et en souvenir de ce qu'était ses terres, il décida de conserver le nom de Mortevallée, même si elles étaient devenues luxuriante, parcourues de grandes forêts et très fertiles.

Ainsi était le Comte Quarlas de Mortevallée, obstiné ayant un caractère fougueux, mais juste et généreux. C'était aussi un grand chevalier, fidèle au Roi et très loyal. C'était un homme grand de taille, fort bien bâtit, les yeux clair, la voix emprunte d'une grande sagesse, forte et claire, les cheveux sombres et toujours bien peignés.
C'est donc il y a 10 ans que sa femme, la Comtesse Elyana donna naissance à la petite Elheana.

Le Comte voulait un héritier mâle, car il sentait qu'approchait inéluctablement la vieillesse et il souhaitait que sa descendance puisse continuer son œuvre. Malheureusement, la Comtesse ne mit jamais d'autre enfant au monde, et ce, malgré leurs efforts. Aimant sa femme de tout son cœur, il ne put se résoudre à prendre maitresse afin de tenter d'obtenir un mâle, il espérait qu'Elheana serait une grande Comtesse et dirigeante dans le futur et qu'elle prendrait un Prince comme époux.

Il prit les meilleurs professeurs afin de lui donner une instruction parfaite, mais il voyait bien, que même ainsi, sa fille semblait quelque peu distante, rêveuse ou qu'elle s'ennuyait, qu'elle attendait autre chose.

Il posa le livre qu'il tenait entre les mains sur son bureau, réalisant que ses pensées avaient dérivées et qu'il n'avait pas lu la moindre page.
Il décida qu'il était temps d'avoir une conversation d'adulte avec sa fille, elle aurait 10 ans dans 2 jours.
Il se leva de son fauteuil en cuir, et se dirigea vers la bibliothèque, demandant à un domestique d'aller quérir sa fille et qu'elle le rejoigne.
Arrivé dans la bibliothèque, son esprit se remit à vagabonder avec nostalgie dans le passé.
"J'ai un mauvais pressentiment" se dit-il.

Elheana arriva sur le seuil de la porte et demanda la permission d'entrer.

- Entre mon enfant, lui dit-il.

Comme elle avait grandit, pensa t'il, toutes ces années de labeur et si peu de temps passé avec ma fille.

- Assied-toi Elheana.
- Merci Père, luit répondit-elle.
- Nous avons tellement de chose à nous dire et si peu de temps, dit-il d'un air grave.
- Peu de temps, Père ? Pour quelle raison ?
- Nous verrons cela plus tard, tout d'abord nous devons parler.
- Bien Père !

Le Comte Quarlas, s'approcha d'elle, pris un siège finement décoré de velours dont les pieds étaient ciselés d'or, puis s'assied près de sa fille.

- Tout d'abord ma fille, je voulais te dire combien toi et ta Mère je vous aime. Mais que bientôt nos destins devront certainement suivre des cours différents.
- Comment cela Père ? Je ne comprends pas.
- Dans 2 jours tu auras 10 ans et il va falloir que tu prennes une décision importante.
- Quel genre de décision Père ?
- Il va falloir que tu choisisses ton futur époux ma fille, même si votre mariage ne se fera que plus tard.
- Je croyais que c'était vous et Mère qui choisissiez pour moi Père ?
- Dans notre société, il est en effet coutume que les parents choisissent pour leur fille, mais je préfère que tu sois heureuse en amour plus tard, je te laisse donc le choix. Mais attention, ne choisit qu'un homme de noble lignage, sinon
il ne sera jamais accepté par les seigneurs.
- Mais ou vais-je trouver cet homme Père ?
- Ta Mère et moi avons préparés une liste, nous allons tous trois visiter ses seigneurs pour que tu puisses les rencontrer et faire ton choix. N'oublie jamais que c'est un immense honneur que d'avoir ce choix.
- Je comprends Père.
- Bien, nous partirons demain, demande à Enya de préparer tes affaires, nous fêterons ton anniversaire au château du Roi Aknar, il nous a fait un très grand honneur en accédant à ma requête, surtout n'oublie pas de le remercier quand nous serons en sa demeure.
- Le château du Roi ? En effet Père c'est merveilleux, je vais faire préparer mes affaires.

Des bruits de bottes cliquetant sur les dalles du couloir, d'un pas très rapide se firent entendre. Un Chevalier entra dans la bibliothèque, s'inclina devant le Comte, et, visiblement très essoufflé, prit la parole.

- Mon seigneur, le duché de l'Est est attaqué par des forces inconnues venues de la mer d'orient, le Duc Abrath est en extrême difficulté et le Roi réunit tous ses chevaliers pour lui prêter main forte.

Le Comte comprit que son sombre pressentiment venait de se réaliser, quelque chose de terrible allait survenir, il se leva, et appela un garde.

- Que l'on réunisse mes chevaliers, qu'ils se préparent, nous partons pour la cité royale, ordonna t'il. Le Kormyr entre en guerre ce jour.

Elheana comprit que des jours sombres s'annonçaient, elle était perdue, la guerre, pensait-elle, quelle horrible chose, qu'allons-nous faire ? Que vais-je faire ?

(à suivre......)

Le ciel était bleu et limpide, pas un nuage à l'horizon, le vent apportait les senteurs des fleurs printanières et Elheana les humaient appréciant leur doux parfum. Les jardins du château étaient le plus bel endroit de Mortevallée, assise près de la fontaine centrale, baignant distraitement une de ses mains dans l'eau claire, elle profitait du paysage splendide des jardins, apercevant occasionnellement un jardinier ça et là en train de travailler.

Deux ans que père est partit se dit elle. Sa mère et elle n'avaient reçus toujours aucune nouvelle, quelques bribes ici et là en provenance de rares voyageurs venant de l'Est, il faut dire que le continent du Kormyr est très vaste, et même habituellement il faut des mois pour venir des terres de l'Est bordant la mer orientale.

Les voyageurs disaient que la guerre avançait vers l'Ouest, qu'elle était d'une immonde cruauté et qu'il y avait beaucoup de morts. Elheana espérait que ce n'était que des ragots amplifiés de bouche en bouche.

Dans 5 jours elle fêterait ses 12 ans et depuis le départ de son père, elle n'entendit plus parler de futur époux, c'est comme si le temps s'était arrêté.

Son regard se porta plus loin, vers les collines verdoyantes de Mortevallée, distraitement, toujours enfermée dans ses pensées, lorsqu'elle aperçut une colonne de fumée.

- De la fumée ! Une maison brûle ? Se surprit-elle à dire tout haut.

Elle observa plus attentivement et compris qu'il s'agissait de la poussière soulevée des chemins de terre par une troupe de cavaliers. Sans perdre un instant, elle entreprit de monter dans une chambre du château afin de mieux distinguer les arrivants, son cœur battant à tout rompre, espérant que son père était de retour et que cette guerre était terminée. Elle gravit quatre à quatre les escaliers en colimaçon du château et courut jusqu'à une fenêtre. Son cœur fit réellement un bond dans sa poitrine, elle reconnut l'étendard de son père, un dragon noir orné de jaune sur un fond rouge. Elle se mit à courir à toutes jambes pour rejoindre le pont-levis du château. Elle était heureuse, son père revenait enfin de la guerre.

Les chevaliers passèrent le pont-levis dans un bruit fracassant, ils étaient une dizaine et Elheana reconnu son père en tête, à coté de celui qui portait l'étendard.
Ils descendirent de leurs chevaux et les palefreniers accouraient pour les conduire à l'écurie. Elheana ne tint plus, elle courut se jeter au cou de son père, malgré la lourde armure qu'il portait.

- Père, criât-elle, vous êtes revenu.
- Ohoh je vois que ma douce fille était impatiente de me revoir, t'ai-je manqué à ce point pendant ces deux petites années ?
- Plus que tout, nichant son visage dans le cou de son père.
- Je vois que tu as encore grandit, le temps passe vraiment trop vite.

La mère d'Elheana, sortant des grandes portes du château, s'approcha et se jeta dans les bras de son époux.

- Quarlas, comme tu m'as manquée, lui dit-elle. Viens te restaurer et te reposer, j'imagine que tu dois être éreinté.
- Comme tu dis ma tendre épouse, je suis éreinté par ce long voyage depuis l'Est. Mais je ne reste que quelques jours, ensuite nous repartons. La guerre n'est pas terminée.

Elheana et sa mère ouvrirent de grands yeux de déception et leurs regards devinrent tristes.
Deux heures plus tard, le Comte était reposé et restauré. Il entra dans la salle ou l'attendait Elheana et sa mère, leurs têtes pleines de questions.

- Bien dit-il, je sais que vous vous posez beaucoup de questions, alors voilà un rapide résumé. Nous sommes en train de perdre du terrain, cet ennemi s'approche des terres de l'ouest, donc les nôtres par la même occasion. Je suis venu prendre les renforts que notre maitre d'arme a formé pendant mon absence, puis je repartirai.

- C'est donc vrai ce que les voyageurs disent ? lui demanda Elheana.
- Que disent-ils exactement ?
- Que cet ennemi inconnu ne fais pas de prisonniers ou alors très rarement, qu'il ravage tout sur son passage, qu'il avance inexorablement vers l'ouest et que nous allons perdre cette guerre. Dit-elle tristement, espérant que son père lui démente ses informations.
- Malheureusement, tout cela est vrai ma fille, dit-il avec une voix triste, excepté sur le fait que nous allons perdre, rien n'est encore joué, mais nos ennemis sont terribles, ils combattent avec des armes le jour et se transforment en bête la nuit, attaquant nos campement en poussant des hurlements.
- Des bêtes ? Dirent en chœur Elheana et sa mère, leurs regards étonnés.
- Oui des sortes de mi-loup mi-humain, ils ont des dents plus dures que l'acier et se meuvent à une vitesse dépassant l'entendement, faisant de prodigieux bonds. Et des griffes, des griffes énormes pouvant déchirer tous les plastrons de cuir et de métal, nous n'avions jamais vus un tel ennemis et pensons qu'il vient des terres lointaines inconnues par delà la mer d'orient.

Elheana et sa mère regardèrent le Comte d'un air horrifié, puis Elheana se ressaisit et d'une voix sûre elle dit :

- Vous allez les vaincre, dit-elle fièrement avec toute la confiance qu'elle avait dans son père.
- Je l'espère ma fille, je l'espère.

La jeune femme regardait l'aube poindre, la rosée du matin venait de déposer des gouttelettes sur l'herbe verte de la prairie. Une légère brise soufflait apportant les premiers petits courants d'air chaud. Elle regardait le soleil monter lentement, un regard triste s'affichait sur son joli visage.

Elle tourna la tête en direction du château, les premiers rayons de soleil faisant dessiner ça et là des ombres irréelles sur les hautes murailles. Le pont levis ouvert, elle vit les premiers groupes d'écuyers sortir dans la cour pour leur séance d'entrainement matinale suivit du maitre d'arme Carras. Elle devait les rejoindre. Elle se rappelait toujours de son premier entrainement avec Carras, il y a de cela 5 années.

Elle laissa ses pensées dériver vers le passé, le lendemain du jour ou son père partit du château avec de nouvelles troupes pour aller défendre le continent.

Elheana frappa à la porte du maître d'arme Carras. Des bruits de pas s'approchèrent de la porte et elle vit la poignée bouger, la porte s'ouvrit dans un grincement.

- Ce n'est pas habituel qu'une futur comtesse reçoive un enseignement de ce genre, à l'habitude ce sont plutôt les jeunes mâles de nobles lignage et non les femmes !
- Comme je vous l'ai dit, Maitre Carras, c'est une faveur que mon père m'a accordée.
- Je l'entend bien, jeune Elheana, mais quelles sont vos motivations ?
- Je veux simplement apprendre à combattre, je ne peux rester les bras croisés, attendant qu'un époux me tombe du ciel et me cloitre dans un château ou un manoir pour le restant de mes jours !

- Ce n'est point hilarant Maitre Carras !
- Je le conçois aisément si j'étais à votre place, jeune Elheana.
- Bien ! vous m'enseignerez donc le maniement des armes dès demain, dit-elle sur un ton impérieux.
- Bien jeune Contesse. Répondit Carras, toujours un sourire sur les lèvres en s'inclinant devant la jeune fille.
- Je vous souhaite une bonne journée Maitre Carras.
- Je vous retourne votre souhait Mylady, que les Dieux vous garde.

Sur ce, Elheana tourna les talons et entreprit de trouver une tenue adéquate pour ses cours de maniement des armes qui devaient débuter le lendemain matin.

"De nos jours"
La jeune femme émergea de ses pensées, jeta un dernier regard sur l'aube, la rosée disparaissant avec la douce chaleur du soleil. Elle tourna les talons et commença à se diriger vers le pont-levis pour rejoindre Carras dans la cour du Château. Sur le chemin, son regard se fit lointain, la terre et les petits cailloux crissaient sous ses pas, elle entendait les oiseaux chanter dans le lointain.
Marchant instinctivement vers la château, elle se remémora ses propres cours en maniement des armes.

"5 ans plus tôt"
Cela faisait quelques semaines qu'Elheana essayait de manier l'épée courte des chevaliers du Kormyr. Elle avait beaucoup de difficultés. L'arme était trop lourde pour elle et elle n'arrivait pas à effectuer les mouvements que Carras lui enseignait. Mais malgré cela, sa détermination était forte et elle voulait prouver à sa mère, son père et surtout au Maitre d'arme qu'elle pouvait manier une épée aussi bien qu'un chevalier, quel que soit le temps que cela prendrait.
Alors que la jeune fille s'entrainait dans la cour du Château, Carras s'approcha d'elle, lui faisant signe d'arrêter son entrainement.

- Je vois que vous avez quelques difficultés avec l'épée, jeune Comtesse, dit le Maitre d'armes en souriant.
- Que Neni Maitre Carras, je vous assure que je m'améliore de jour en jour, répondit Elheana, ne voulant pas avouer ses difficultés de peur que Carras n'arrête l'entrainement.
- Il va falloir que nous remédions à cela, luit dit Carras.

Sans mot dire, Elheana se mit à suivre le Maitre d'arme, rangeant son épée dans son fourreau.
Arrivé dans l'armurerie, le Maitre d'arme fouilla la pièce d'un regard, semblant chercher quelque chose.

- Ah ! S'exclama t'il, voici ce que je cherche.

Il avança dans l'armurerie et s'approcha d'une longue boite en bois gravée de signes des contrées de l'Est lointain du continent. Il ouvrit la boite, et Elheana, Curieuse, ne put s'empêcher de regarder par-dessus l'épaule du Maitre d'arme pour voir ce qu'elle contenait.

- Oohhhh ! S'exclamât-elle, ils sont magnifiques.
- En effet jeune Comtesse, c'est un cadeau d'un ami lui aussi Maitre d'arme dans les pays de l'Est, il me les a offert il y a quelques temps de cela déjà.
- Comment appelle t'on ses armes, Carras ? des Sabres ?
- Non jeune fille, ce sont des Katanas.

Elheana regarda avec envie les magnifiques Katana, leurs lames gravées de symboles orientaux du Kormyr.
Carras, les sortit de leur boite, se tourna vers Elheana et luit tendit les armes.

- Je vous les offre, ma jeune apprentie, si bien entendu vous arrivez à vous en servir. Dit Carras, esquissant un léger sourire.
- Vous me les offrez ? s'étouffa Elheana, n'en croyant pas ses oreilles.
- Oui, ces lames, plus fines et maniables, sont plus nobles pour une femme. Vous aurez moins de difficultés avec leur apprentissage.
- Merci de tout cœur Maitre Carras, c'est une immense joie que vous me donnez là.
- Autant que ces lames servent à une personne telle que vous et digne de votre rang, plutôt qu'elles ne croupissent dans l'armurerie.
- Je vous en suis extrêmement reconnaissante.
- Bien, alors retournons dans la cour et commençons donc ce nouvel entrainement. Donnez-moi votre ancienne épée, elle ne vous servira plus dorénavant.

Elheana Rendit l'épée à Carras et ensembles ils sortirent de l'armurerie en direction de la cour. Le maitre d'arme commença donc à lui enseigner le maniement du Katana, et ce, pour les années suivantes. Plus légère et maniables les lames convenaient parfaitement à Elheana. 2 ans plus tard elle arrivait à s'en servir des deux mains, et le Maître d'arme lui enseigna les coups avec les deux Katanas, un dans chaque main.
Elheana s'entraîna très durement et chaque jour elle faisait des progrès sous le regard admiratif des domestiques et jeunes écuyers du château.
3 ans plus tard elle accrut son entrainement en ajoutant à son programme le maniement des "Sais", arme elle aussi importée du lointain Est.

"De nos jours"
Un bruit de bottes résonnât sur le pont-levis du château, la jeune femme sortit de sa rêverie et se surprit elle-même à constater que c'était ses bottes. Elle esquissa un sourire, amusée de voir que ses pensées avaient dérivées sur ce qui semblait pour elle de lointains souvenirs.
Aujourd'hui c'était une jeune femme de 17 ans et elle était triste. Triste car son père n'était toujours pas revenu de la Guerre et dont elle n'avait plus de nouvelles depuis des mois. Cette guerre qui s'approchait de ses terres, et qui, elle en était sûre, s'abattrait sur eux prochainement. La seule chose qu'elle ne regrettait pas c'était qu'elle n'était toujours pas mariée. Sa famille attendant le retour du Comte pour célébrer les noces.
Elle entra dans la cour du Château, regardant tous ces écuyers commençant leur entrainement, se demandant s'ils seraient près le jour où l'ennemi sera à leurs portes.
Elle sortit ses "Sais", un dans chaque main, s'approcha du plus fort et du plus prometteur des écuyers, regarda un instant le Maître d'armes Carras qui les observaient non loin de là et commença son entraînement et celui de l'écuyer en jetant un dernier regard vers le Pont-levis, juste au cas ou des cavaliers apparaitraient.

"Rien" pensa t'elle. "5 ans, 5 longues années"

(à suivre….)

Son cheval galopait, le bruit des sabots retentissaient sur le chemin poussiéreux qui serpentait entre les champs de blé et de maïs. Ses cheveux volaient au vent, tenant fermement la bride de son cheval et humant l'air de la campagne pendant sa course, Elheana se retourna pour voir ou était son poursuivant. Il était tout proche, une dizaine de mètres tout au plus, elle devait forcer l'allure ou il la rattraperait, elle était bientôt arrivée.

Poussant son cheval, elle se mit à rire, ce qui sembla énerver son poursuivant, qui, lui aussi, augmenta son allure. "Plus que quelques dizaines de mètres" se dit-elle, voyant la clairière émerger du sommet de la buttes ou ils arrivaient.
Elle arriva à la clairière, stoppa son cheval et en descendit promptement tout en émettant un rire.

- Point de honte il n'y a quand la femme que j'aime me bat et que cela me donne l'occasion de voir son si joli sourire.
- Mmmm quel beau parleur tu fais mon tendre ami, et cela me touche énormément. Mais comme tu le sais je ne puis rien pour toi tant que mon Père n'est pas rentré.
- Je sais ma douce, tous les jours je prie les dieux qu'il te revienne, et cela pour deux raisons. La première parce que je souhaite qu'il soit en vie et la deuxième pour lui demander ta main.
- Il est en vie je te l'assure, jamais royaume n'eut plus grand Chevalier que mon Père, crois moi.
- Je te crois, je te l'assure, mais le temps se fait long et j'ai hâte de te voir mienne. Voici plus d'un an que j'attends, et à 18 ans tu as dépassé l'âge de ton mariage.
- Je ne le sais que trop bien mon bel ami, mais à circonstances exceptionnelles, épousailles exceptionnelles.
- En effet ma mie, les circonstances sont exceptionnelles, ne m'en veux point pour mon impatience, mais l'amour que je te porte est si grand qu'il emplirait les eaux des mers du sud.
- Patience mon doux seigneur, patience dit-elle en émettant un léger rire.

Allongés dans l'herbe haute de la clairière, ils s'embrassèrent tendrement pendant un long moment, la brise leur apportaient un peu de fraicheur après cette course effrénée, des coquelicots et des marguerites les entouraient, l'herbe bruissait de temps à autre brisant le silence de l'endroit. Ils restèrent ainsi quelques heures, profitant du moment présent, sachant que la guerre se rapprochait dangereusement du comté.

- Nous devons y aller, dit Elheana.
- Je sais, répondit Kerouan d'un air déçu, le devoir nous appelle.
- Rentrons tranquillement et profitons de ces derniers instants, car si il se trouve, la guerre sera chez nous demain. Dit Elheana.
- Je sais, les nouvelles sont vraiment mauvaises, qui sait de quoi sera fait demain. Allons-y ! répondit Kerouan.

Ils remontèrent sur leurs chevaux et se dirigèrent tranquillement vers le château pour y être avant la tombée du jour. Elheana admirait Kerouan, non pas seulement pour son physique, mais aussi pour sa bravoure et son calme inhérent, apte à prendre des décisions sans l'influence de la colère ou de la haine. Elle le regardait donc pendant leur retour, grand et musclé, les cheveux châtains, les yeux vert de gris, le verbe fort et clair, sûr de lui, il était parfait. Elle en était tombée amoureuse il y a de cela 6 mois, alors qu'elle rendait visite à un cousin du Nord-Ouest. Dès le premier regard, elle sut que c'était lui qu'elle voulait pour époux. Après toutes ces années, son Père serait content et elle était sure qu'il approuverait son choix..
Ils commencèrent à voir le château se dessiner au loin et accélérèrent le pas des chevaux. Un nuage de poussière était nettement visible sur la droite, de la route venant de l'Est.

- Des cavaliers ! s'exclamât Elheana. Ils viennent de l'Est.
- Tu as raison, répondit Kerouan en mettant sa main sur son front pour éviter que le soleil ne le gène dans sa vision.
- Distingues-tu un étendard ?
- Oui, on dirait celui de ton père, ma douce.

Kerouan n'eut pas le temps de réagir qu'Elheana fouetta son cheval avec ses rênes et se mit à galoper à bride abattu en direction du château. Kerouan fit de même, essayant de la rattraper, ses yeux d'aigle l'avaient peut être trompé, mais il avait cru distinguer une civière entourée d'hommes, cela ne présageait rien de bon. Il rattrapa Elheana distinguant nettement le cortège funèbre, il accéléra pour la dépasser afin d'arriver le premier sur les lieux, se doutant de la triste vérité, il voulait pouvoir calmer celle qu'il aimait plus que tout quand elle la frapperait de plein fouet.

(à suivre….)

Elheana Galopait en direction des cavaliers qui approchaient du château, Kerouan avait raison, c'était bien l'étendard de son père. Elle força l'allure, heureuse du retour de son père, il ne lui tardait de le revoir. Kerouan arriva à sa hauteur, son
cheval galopait à une vitesse effarante, ainsi il l'avait laissée gagner lors de leur course.

"Il ne perd rien pour attendre" se dit-elle en riant intérieurement.

Kerouan pris de l'avance pendant leur chevauchée.

"Pourquoi veut-il absolument arriver la bas le premier ?" se demandât 'elle.

Elle regarda plus attentivement les cavaliers, une dizaine de soldats entouraient une civière, et d'un coup, Elheana sentit une boule naitre dans son ventre. Elle força son cheval à la limite de ce qu'il pouvait donner, se doutant qu'il était arrivé
quelque chose à son père, mais espérant que ce n'était pas grave et que sa vie n'était pas en danger.

Elheana arriva à la hauteur des cavaliers, qui stoppèrent leur avance, la regardant d'un air triste. Elle bondit de son cheval et couru vers la civière, Kerouan était déjà sur place et la regardait arriver. Elle jeta un regard interrogateur sur le
capitaine des chevaliers, bras droit de son père. Celui-ci la regarda tristement et lui fit un signe "non" de la tête. Elheana comprit que son père avait rejoint les Dieux.

- Nooooooon. Cria-t-elle en courant et puis s'agenouillant devant la civière.

Elle se mit à pleurer, de grosses larmes coulaient sur ses joues délicates. Les soldats la regardaient tous, affichant un air sombre et triste. Kerouan s'approcha d'elle et lui mit une main sur l'épaule, la laissant libérer son chagrin. La mère d'Elheana apparut sur le pont levis et se mit à courir dans leur direction. La comtesse Elyana arriva à coté de la civière, regarda sa fille, effondrée, la tête sur le torse de son père, pleurant toutes les larmes de son corps. La comtesse s'agenouilla, pris la main de son époux et pour elle aussi, des larmes se mirent à couler de ses joues.

Les soldats n'intervinrent pas, ni Kerouan, ils les observaient, attendant que la mère et la fille s'apaisent.

- Père, pourquoi ? Maudite guerre ! Gémit Elheana, la gorge sèche et les yeux emplit de larmes.
- Viens ma fille, dit sa mère en lui tendant la main en séchant ses larmes, laissons les soldats entrer dans le château.

Sans un mot, Elheana de releva, Kerouan la prit dans ses bras et les soldats reprirent leur chemin, traversant le pont levis puis arrivèrent dans la grande cour intérieur. Elheana se remit à pleurer dans les bras de Kerouan, sa mère, à quelques pas de là affichait un regard emprunt d'une profonde tristesse et les yeux humides. Ils prirent tous lentement le chemin du château pour rentrer et personne ne dit mot sur la route.

Cette nuit là, Elheana ne dormit pas, elle ne pouvait s'empêcher de revoir ses souvenirs avec son père, depuis sa tendre enfance jusqu'à la dernière fois qu'elle le vit, tantôt elle séchait ses larmes, tantôt elle se remettait à pleurer. L'aube pointa et sa servante entra dans la chambre, regarda Elheana d'un air triste et s'approcha d'elle lui faisant une légère révérence. Puis, sans un mot elle prépara le baquet pour le bain de sa maitresse et lui prépara une tenue propre.
Elle rangea quelques affaires et sortit de la chambre.

Elheana regarda le baquet, se déshabilla lentement par réflexe puis entra dans l'eau tiède laissant ses muscles se relaxer. La servante entra de nouveau dans la pièce, et sans un mot, entreprit de lui frotter le dos. Elheana avait toujours le regard vide, mais les yeux secs, elle n'avait plus de larmes tellement elle avait pleuré.

- Votre mère vous attend dans la salle à manger, Dame. Lui dit la servante.

Elheana hocha simplement la tête, passant le savon sur ses jambes.

Une fois habillée, elle descendit dans la salle à manger retrouver sa mère. Un petit déjeuner l'attendait sur la grande table en chêne et les domestiques s'affairaient ça et là. Elle vit sa mère, la mine triste, grignotant légèrement le regard vide.
Elheana vint s'assoir à coté d'elle et repoussa le petit déjeuner. Sa mère la regarda.

- Tu dois manger un peu ma fille. Dit-elle.
- Je n'ai pas faim, mère.
- Je sais, moi non plus, mais tu ne peux rester le ventre creux, j'insiste.

Elheana pris un petit morceau de pain et le grignota lentement.

- La cérémonie funèbre aura lieu cet après-midi. Dit sa mère d'une voix triste.

Elheana ne dit mot et hocha simplement la tête. Une fois son morceau de pain terminé, elle se leva, s'inclina légèrement pour s'excuser auprès de sa mère et remonta dans ses appartements. Elle s'allongea sur son lit, toujours hantée par les souvenirs de son père et attendit la cérémonie.

Un bruit de porte, Elheana se réveilla en sursaut, elle avait dormit finalement. Sa servante entre dans la chambre.

- Maitresse, il va être temps pour la cérémonie. Dit-elle.
- Je me prépare de suite. Répondit Elheana. Dit à ma mère que j'arrive.

Elle se changea pour une tenue noire appropriée et descendit les marches qui donnaient dans la cour. Une civière de bois était au centre, son père reposant dessus, revêtu de sa plus belle armure et son épée longue entre les mains, allongée sur lui. Les soldats et Chevaliers formaient un cercle autour et sa mère était à coté de la civière avec un haut prêtre des églises des Dieux du Kormyr. Elheana s'avança et rejoignit sa mère.

Un silence de plomb planait dans la cour, les domestiques aussi étaient rassemblés en cercle autour de la cour, plus loin que les chevaliers.

Au bout d'un moment, le haut Prêtre commença à prier à haute voix et ceci pendant une demi-heure. A la fin de ses prières, le prête recommanda l'âme du Comte aux Dieux et se tourna vers la sortie.

La Comtesse Elyana se rapprocha de son défunt époux et lui fit ses adieux. Elheana fit de même ne s'empêchant pas de laisser couler quelques larmes. Une fois les adieux terminés, des Chevaliers s'approchèrent et prirent la civière par les cotés, la soulevant. Le funèbre cortège se mit en route et traversa le pont levis, sortant du château en direction de la colline aux morts, comme tout le monde l'appelait.

Une fois arrivé sur les hauteurs, les Chevaliers posèrent la civière sur un énorme bucher préparé pour la triste occasion. Tous reculèrent à bonne distance et seul un Chevalier restait près du défunt jusqu'à ce qu'un écuyer s'approche et lui donne une torche enflammée. Le Chevalier brandit la torche, comme pour la montrer aux dieux et en signe d'au revoir au Comte, puis enflamma le bucher.

Elheana regardait le bucher flamber, les yeux un peu dans le vague. Elle se dit que maintenant, tout ne serait plus comme avant, et qu'elle vengerait son père si elle le pouvait.

(à suivre…)

Le capitaine Draknaar, chef des chevaliers du feu Comte Quarlas de Mortevallée et dorénavant de la jeune Comtesse Elheana, observait la réaction de ses hommes. Allaient-ils jurer leur allégeance à la nouvelle Comtesse ?
Il l'observa un instant ; Elle se tenait droite, le port digne de son rang, vêtue d'une armure de cuir noire et d'un plastron léger de métal arborant les armoiries de Mortevallée, un dragon noir orné de jaune sur un fond rouge. Elle les observait elle aussi, passant d'un chevalier à l'autre jaugeant certainement leurs réactions face à sa nouvelle position.

Le capitaine Draknaar était le plus fidèle des chevaliers du Comte, il l'avait suivi pendant près de 38 ans et se souvient encore du jour où il entra à son service comme écuyer. A cette époque le Comte n'avait qu'un petit manoir au Sud du Kormyr et ce n'est qu'après de nombreuses et victorieuses batailles que le Roi Aknar premier du nom lui octroya le Comté de Mortevallée.
Il regarda la grande salle ou ils se trouvaient tous, la salle ou tous les conseils de guerre s'étaient réunis autour de l'immense table en chêne commandée spécialement par le Comte Quarlas. Seuls les Chevaliers et le Seigneur des lieux avaient le droit d'y pénétrer.
Il jeta un œil rapide vers les fenêtres et vit les gros nuages pointant à l'horizon.
"Une tempête se prépare dans quelques jours" se dit-il.

Draknaar s'avança vers la jeune Comtesse, pensant qu'il devait montrer à ses hommes qu'elle était digne de l'héritage de son Père. Il posa un genou à terre juste devant elle et baissa la tête regardant les pieds de la jeune femme.

- Moi, Chevalier Draknaar, fidèle du défunt Comte Quarlas de Mortevallée, jure allégeance à votre seigneurie Elheana Comtesse de Mortevallée.
- Et moi, Elheana, Comtesse de Mortevallée, accepte avec honneur votre allégeance, puissiez vous me servir de la même façon que vous avez servit mon père par le passé. Relevez-vous Chevalier Draknaar.

Draknaar se releva, la jeune Comtesse lui tendit la main, présentant son anneau gravé des armoiries de la famille. Draknnar s'approcha et embrassa l'anneau. Tous les chevaliers firent de même tour à tour, jurant leur allégeance. Pendant cette cérémonie, Elheana savait bien qu'il lui faudrait faire de même avec le Roi Aknar deuxième du nom, très prochainement.
Elle les regarda un instant ; Ces hommes faisaient partit des meilleurs de tout le royaume du Kormyr, elle avait beaucoup de chance de les avoir, son père avait su s'entourer.
Elle s'approcha de la grande table de chêne et s'assied à l'extrémité réservée habituellement au Comte.

- Bien ! Il est temps de poursuivre la défense de ce royaume et la protection de ses habitants. Faites moi un rapport sur la situation, Chevaliers. Dit-elle une fois assise.

Les chevaliers s'assirent autour de la table, chacun ayant sa place attribuée. Draknaar déroula une carte du royaume devant Elheana, posa des presse-papiers à chaque coin de la carte et resta debout à ses cotés.

- Bien, Voici la situation Comtesse. Les trois quarts du royaume sont tombés entre les mains de l'ennemi et votre château est la dernière place forte. S'il tombait entre leur main, tout le royaume tomberait.

Elheana regarda la carte avec attention. Elle distingua un tracé rouge représentant le front partant des terres glacées du nord et descendant au sud jusqu'à la mer.

- Et le Roi Aknar, est-il toujours en vie ? Ou sont les armées des autres Seigneurs ? Une foule de question se bousculait dans l'esprit d'Elheana.
- Le Roi Aknar est quelque part au Nord, les armées du Duc de Fortelle, du Comte Jallien et du Baron Rokaas sont dispersées sur la ligne de front. Répondit Draknaar, montrant du bout de son index des endroits sur la carte.

Elheana réfléchit un instant, observant tour à tour les chevaliers assis autour de la table, elle arrêta un instant son regard sur Kerouan. Elle devait confirmer l'espoir qu'elle lisait dans leurs yeux, le seul qu'elle ait pu voir après la mort de son Père. Ils devaient penser que tout était perdu.

- Nous allons préparer une contre offensive en plusieurs phases. Dit-elle d'une voix forte et claire, rappelant son père aux chevaliers présents dans sa manière et le ton employé.

Les chevaliers la regardèrent avec surprise, ne s'attendant pas à une décision aussi rapide.

- Comment le pourrions-nous Comtesse, la ligne de front est trop étendue ?
- Vous dites que nous sommes la dernière place forte du royaume ? Répondit Elheana.
- Oui Comtesse, toutes les autres sont tombées aux mains de l'ennemi.
- Alors notre ennemi va surement s'employer à prendre ce château afin de faire tomber au plus vite le royaume, j'en suis certaine.
- Il y a de fortes probabilités en effet, Comtesse.
- Donc, pour commencer, regroupons nos forces, envoyons des messagers au Roi Aknar, ainsi qu'au Duc de Fortelle, au Comte Jallien et au Baron Rokaas.
- Mais !! Ou voulez vous que nous nous regroupions ? Il est difficile de prédire avec exactitude leur prochaine offensive.
- Nous n'avons pas à le prédire, Chevalier Draknaar, ils passeront forcément par là. Elheana pointant son doigt sur un endroit de la carte.

Tout le monde regarda le point désigné sur la carte. Il s'agissait du passage de Harln, la seule route suffisamment large pour pouvoir y engager une armée entière. Ce passage donnait accès aux terres de Mortevallée et était un point stratégique dans la défense du Comté.

- Votre plan est brillant si nous arrivons à joindre toutes nos forces armées Comtesse. Si nous sommes suffisamment préparés, l'ennemi peut s'attendre à une cuisante défaite, j'en conviens.
- Alors faites partir les messagers afin de prévenir notre Roi ainsi que les autres Seigneurs. Que toutes nos forces soient réunies et prête à combattre pour la prochaine lune. Dit Elheana.

Le capitaine émit un frisson.

- Comtesse, savez vous comment se bat notre ennemi lors des pleines lunes ?
- Ils se transforment en bêtes dit-on dans les rumeurs.
- Ce ne sont pas de rumeurs, Comtesse, je l'ai vu de mes propres yeux, et ils sont extrêmement plus dangereux que sur un champ de bataille ordinaire.
- Alors nous devons faire avec, Chevalier Draknaar, de toute façon, nous n'avons aucun moyen les empêchant de se transformer j'imagine.
- Non en effet Comtesse, aucun moyen, même notre mage est impuissant contre ses bêtes, il ne peut leur faire reprendre forme humaine.
- Bien, alors ce conseil est clos, que les messagers partent de suite.

Elheana se leva, puis tous les autres chevaliers. Ils s'inclinèrent tous, toujours cette lueur d'espoir dans leurs yeux. Elle se dit que l'avenir du royaume reposait peut être sur ses épaules, un poids immense, elle ne savait pas si elle pourrait le supporter.
Quand tous les chevaliers furent sortis de la salle du conseil de guerre, seul Kerouan restait présent, debout, immobile, la dévisageant de ses beaux yeux vert de gris.

- Très habile ma douce. Dit-il avec un regard amoureux.
- Je ne fais que ce qui me semble logique. Répondit-elle en souriant.
- Tu feras une grande Comtesse, et je l'espère une grande épouse, et ce sera pour moi une immense joie que de vivre à tes cotés.
- Ta confiance en moi m'honore et je l'espère mon bel amour, je l'espère. Répondit-elle.
- Bien ! Pour l'instant ne parlons plus de guerre et allons déjeuner ma douce. Lui tendant le bras afin quelle le prenne.
- Tu as raison, je meurs de faim.

Ils sortirent de la salle du conseil de guerre ensembles, bras dessus bras dessous, se dirigeant vers la salle à manger commune ou les chevaliers avaient du commencer à déjeuner.
Elle sentait tout le poids de l'avenir de ce royaume sur ses épaules et Elheana espérait que le Roi Aknar lui en débarrasserait une fois toutes leurs armées rejointes. Elle en profiterait pour lui faire allégeance comme le voulait la tradition.
Arrivée sur le seuil de la salle à manger commune, Elheana observa les chevaliers attablés, Kerouan et elles se dirigèrent vers la table.
Mais avant de se mettre à table, Elheana était sure d'une chose. Tout l'avenir du Kormyr se jouerait lors de l'affrontement qui aurait lieu au passage de Harln.

Elle pria les Dieux pour qu'ils soient victorieux.


(à suivre…)

Un vent fort soufflait, il faisait encore nuit et l'aube n'était pas encore au rendez-vous. La jeune Comtesse, n'arrivant plus à dormir, regardait la plaine ou s'était installé le campement des dernières armées du Kormyr. Elle distingua nettement au centre, la tente du Roi Aknar second du nom et fils de celui qui récompensa son père. Puis elle vit les bannières du Duc de Fortelle, du Comte Jallien, du Baron Rokaas et enfin la sienne.
Elle leva les yeux au ciel, distinguant dans la faible lueur de la lune, les énormes nuages noirs qui avançaient vers eux à l'horizon.

"La tempête sera là cette nuit juste après la bataille et pendant la pleine lune" pensa t'elle.

Elheana était arrivée avec son armée il y a 2 jours au point de rendez-vous fixé, puis vint le Roi le lendemain et ensuite les Seigneurs. Le campement était monté depuis la veille et aujourd'hui la bataille décisive pour sauver le royaume s'annonçait pour l'après-midi. L'armée ennemie était aussi arrivée la veille, pendant que les soldats montaient le campement. Des éclaireurs de chaque camp observaient les mouvements de l'autre.

Elle resta ainsi qu'aux premières lueurs de l'aube, profitant de l'air frais et se demandant si elle saurait combattre avec bravoure comme son père l'aurait fait. Elle vit le camp s'éveiller, les hommes commençaient à sortir des tentes et à s'affairer. Une marée de tente couvrait la plaine et dans le camp adverse elles semblaient moins nombreuses. Seule une large bande de quelques lieux séparait les deux camps.
Elle regarda derrière elle la colline qui les surplombait ; elle avait conseillé au Roi de rester sur les hauteurs, mais il rétorqua que toutes les batailles se faisaient en plaines et que sur les hauteurs il serait difficile de planter les tentes de l'ensemble des armées.

Elle se dirigea vers la tente qui servait de quartier général, elle ne devait pas rater la réunion matinale concernant la stratégie que le Roi voulait adopter pour cet après-midi. Elle entra dans la tente, le Roi était déjà présent. Elheana s'inclina respectueusement devant son Roi et pris place autour de la table ou était posé une carte des environs.

Les autres Seigneurs entrèrent à leur tour et se positionnèrent de même. Tout le monde se salua et le Roi s'avança légèrement au dessus de la carte.

- Comme vous le savez, la bataille aura lieu cet après-midi. Voici comment nous allons procéder. Dit le Roi.

Tous écoutèrent en silence la stratégie du Roi, expliquant les positions de chaque armée et les signaux qui seront donnés pour coordonner les différentes attaques.
Elheana pensait qu'ils avaient une chance, malgré les pertes subies depuis le début de la guerre il y a 9 ans, l'ennemi avait lui aussi beaucoup souffert et il engageait, tout comme eux, ses dernières forces dans une ultime bataille.

- Bien, au total nous avons 3 500 soldats et 50 chevaliers. Précisa le Roi.
- Puis-je me permettre une question votre Majesté ? Demanda Elheana.
- Faites donc ma chère. Répondit-il.
- De combien d'hommes dispose l'ennemi ?
- D'après nos éclaireurs, 2 500 soldats. Et si nous vainquons avant la pleine lune, la guerre est gagnée.
- Avant la pleine lune ? A cause de leur transformation vous voulez dire Majesté ?
- Tout à fait. Nous devons leur porter le coup de grâce ce jour. Notre royaume estexsangue de soldat ou de jeunes hommes pouvant porter les armes, cette guerre nous a couté très cher.
- L'armée du Kormyr comptait combien d'hommes à l'origine. Demanda Elheana.
- 12 000 soldats et 300 Chevaliers. Répondit la voix grave et sombre du Duc de Fortelle.

Elheana regarda le Duc, effarée par le nombre de morts dans cette maudite guerre. Ils n'avaient rien demandé avant l'apparition de cet ennemi. Le royaume était en paix.

"Nous devons absolument vaincre" Pensa t'elle en regardant la carte.

- Bien, tout le monde sait ce qu'il a à faire ? Demanda le Roi.

Tous répondirent plus ou moins en même temps que oui.

- Alors préparons nous, commençons à aligner nos troupes. Nous sonneront l'assaut au soleil de Midi.

Elheana regarda le ciel en sortant de la tente, le vent fort continuait de souffler et les nuages menaçant approchaient mais un soleil brillant planait au dessus de leur tête. Excepté le vent, cela pourrait être une bonne journée.

"La tempête sera bien là cette nuit" Pensa t'elle.

Les ordres commençaient à fuser dans le camp ainsi qu'une grande agitation. Elheana avait les mains moites et son cœur battait plus de que coutume ; Elle avait peur. Jamais elle n'avait réellement combattue si ce n'est qu'en entrainement, et jamais elle n'avait tué un seul homme. Elle prit son courage à deux main et se dirigea vers son destrier, prête à prendre part à la bataille ; Son bras droit, le Chevalier Draknaar, la rejoignit, prêt à la défendre au prix même de sa vie pendant la bataille, Elheana le savait et elle savait aussi qu'il restera à ses cotés, ainsi que Kerouan qui approchait lui aussi sur son destrier.

- Draknaar, faites sonner la mise en place de la formation. Dit-elle.

Draknarr s'adressa au sergent responsable et le bruit du Cor retentit dans le camp, au milieu des autres. Les soldats se dirigèrent vers la plaine pour prendre formation.
Elheana observa la scène prête à avancer.

- Ce sera une bataille difficile et sanglante. Chuchotât-elle, la voix emprunte de tristesse.

(à suivre, la Bataille de Harln …)

Les armées avançaient l'une vers l'autre sur la grande plaine devant le passage de Harln, puis arrêtèrent leur déplacement. C'était la première fois qu'Elheana voyait autant de monde ; presque 7 000 personnes s'étalaient sur cette immense plaine. Elle se demandait si l'ennemi allait attaquer, le Roi Aknar ayant ordonné d'attendre son assaut. Le ciel était d'un bleu limpide au dessus de leurs têtes, mais les nuages noirs se rapprochaient toujours au loin. L'herbe entre les deux armées, se courbait presque à raz du sol sous le vent fort qui soufflait. Excepté le vent, aucun autre bruit ne se faisait entendre, les armées s'observaient, les hommes retenant leur souffle attendant l'inévitable.

C'était la première bataille d'Elheana et elle sentait comme une boule dans son ventre, la gorge sèche, les mains moites et légèrement tremblantes, elle priait les Dieux intérieurement.

Un son de Cor retentit et l'armée ennemie se mit à avancer lentement dans la plaine. Le Baron Rokaas non loin de la position d'Elheana leva une main pour signifier aux archers de préparer leurs arcs. Quand l’ennemi fut à portée, une pluie de flèches s’abattit sur eux et des centaines d’hommes tombèrent à terre, Elheana n’en croyait pas ses yeux, tant de morts en quelques secondes. Après trois ou quatre volées de flèches, l’armée du Kormy se mit à avancer vers le centre de la plaine, les Chevaliers firent alors partir leurs montures au galop, dépassant les soldats et chargea l’ennemi. Les lances ennemies se baissèrent pour briser la charge Kormyrienne, et dans un fracas épouvantable, elles se percutèrent. Les lances tuèrent des chevaux et des Chevaliers sur le coup, ceux qui avait réussis à passer plantèrent leurs lances dans les corps ennemis puis sortirent leurs épées et continuèrent le combat au milieu de l’armée adverse. Les soldats arrivèrent à leur tour au contact en courant, nouveau choc fracassant ; Des épées furent plantées dans des torses, des mains furent coupées, des têtes décapitées.

Elheana regardait avec horreur le niveau de barbarie que les hommes pouvaient faire en guerroyant. Elle baissa la tête sur le coté de son cheval et ne put s’empêcher de vomir. Kerouan et Draknaar à ses cotés, dans un groupe de Chevaliers, sur le flanc de l’ennemi, qui attendait le signal pour une nouvelle charge la regardèrent ensembles.

- Comtesse, les dieux ne vous en voudront pas si vous ne participer pas à la bataille. Lui dit le chevalier Draknaar, Kerouan juste à coté hocha la tête en signe d’affirmation.

Elheana releva la tête, pâle comme un linge, regarda Kerouan puis Draknaar doit dans les yeux.

- Je dois combattre à coté de mes hommes, Draknaar, n’est ce point là le devoir d’une dirigeante ? Mon père vous aurait il laissés combattre seuls ? Répondit Elheana.
- Non Comtesse, votre père a toujours été à nos cotés, mais il était le plus grand d’entre nous. Mais je suis persuadé que vos hommes sont du même avis que moi et qu’ils tiennent plus à votre vie qu’à la leur, ils seraient surement heureux de vous savoir en sécurité, surtout pour votre première bataille. Dit alors Draknaar.
- Il n’est est point question Chevalier, j’accomplirai mon devoir dussè-je mourir au combat. Je dois justement montrer à mes hommes qu’ils peuvent compter sur leur Comtesse à leur cotés pendant les batailles.
- Comme vous voudrez Comtesse. Rétorqua Draknaar. Kerouan et moi resterons très prés de votre personne afin de vous protéger au mieux.
- Je vous en remercie Chevalier Draknaar.

Pendant ce temps, la bataille faisait rage et un son de Cor en provenance de l’arrière garde du Roi se fit entendre.

- Il est temps. Dit Elheana en regardant le Chevalier Draknaar. c’est notre signal.

Draknaar fit un signe, ordonnant la charge et dans un bruit de sabots couvrant les plaintes et le son des épées de la bataille, les Chevaliers et Elheana se mirent à charger le flanc de l’ennemi, prenant leur élan au maximum de vitesse de leurs chevaux.

A mi-course du choc, tous les chevaliers sortirent leur épée et Elheana un de ses sabres. Ils les brandirent tel des anges vengeurs, poussant un cri de guerre afin de semer l’effroi dans les rangs ennemis juste avant l’affrontement.
Le choc fut terrible, même si Elheana ne faisait pas partit des premiers arrivés. Les épées s’entrechoquaient, des cris de souffrance ou de rage résonnaient, le sang giclait de tous cotés, aspergeant aussi bien ses hommes, elle ou l’ennemi.

Le cœur d’Elheana battait à tout rompre, elle se battait maintenant non pas pour tuer, mais pour défendre sa vie, réalisant les pires actes que jamais elle n’aurait pensée commettre un jour, elle aussi trancha des bras, coupas des têtes ou entaillait les poitrines de ses adversaires avec son sabre. Les épées de Kerouan et de Draknaar lui sauvèrent bien souvent la vie, bloquant une lame ennemie de ci de là cherchant à lui prendre la vie, plusieurs fois elle faille avoir une lame plantée dans le dos, dans le cou ou dans la poitrine.

Elle qui depuis son plus jeune âge voulait être une combattante, elle venait de réaliser toute l’horreur de la guerre et de la boucherie des combats.

La bataille ne dura que deux heures, mais pour Elheana cela lui sembla une éternité, tous ses muscles étaient endoloris, sa tête était sur le point d’exploser tellement sa migraine était forte. Ses doigts n’arrivaient plus à tenir son Katana et ses épaules étaient affaissées par la lourdeur de son armure de cuir.

La bataille était terminée, Elheana observait la plaine jonchée de cadavres ou de blessés sur le point de mourir, des soldats cherchaient des survivants. Fort heureusement Kerouan et Draknaar avaient été épargnés, Elle les rejoignit marchant lentement, le regard à moitié vitreux.

- Comtesse, vous devriez rejoindre votre tente pour vous reposer. Lui dit Draknaar.
- Tout à fait ma douce, viens, je t’accompagne. Dit Kerouan lui tendant le bras.

Elheana n’eut pas la force de parler, elle se laissa guider jusqu’à sa tente, Kerouan lui retira son armure de cuir entièrement tachée de sang, pris un chiffon, le trempa dans l’eau et lui passa sur le visage, les bras et les jambes. Il l’allongea ensuite sur la paillasse de la tente.

Elheana ne dit mot durant tout ce temps, toujours obsédée par l’horreur de la bataille. Puis elle regarda Kerouan.

- Nous avons gagné ? Dit-elle d’une voix faible.
- Oui ma douce, ils sont en déroute, nous avons sauvé nos terres.
- Combien de morts ? Demandât-elle d’une voix triste.
- Et bien d’après nos calculs, 1 800 dans le camp ennemi et 2500 dans notre camp. Malheureusement nos pertes sont plus nombreuses.

Elheana laissa couler une larme sur sa joue, puis prise d’une intense fatigue, ferma les yeux et s’endormit. Kerouan resta un instant, regardant son visage dorénavant plus serein dans le sommeil. Il se leva, s’arrêta sur le seuil de la tente, se retourna une dernière, regardant l’amour de sa vie.

« Jamais elle n’aurait du venir ce jour. Certains yeux ne devraient jamais voir ce qu’elle vient de voir aujourd’hui, j’espère qu’un jour elle se remettra, et puisse les Dieux lui éviter de nouveau ce genre d’épreuve » » Pensa t’il.

(à suivre… La contre attaque des Lycans)

(inspiration : Braveheart)

Les paysans et villageois s’activaient fiévreusement à l’abri des murailles du château, presque les uns sur les autres, ils devaient faire avec et essayer de continuer à vivre presque normalement. Toute la nourriture disponible avait été rentrée derrière les murs du château, dans les greniers d’hiver. Elheana regardait toute cette foule du haut des remparts, se demandant combien de temps le siège allait durer et comment d’en sortir. Elle tourna son regard de l’autre coté des murs, des tentes étaient plantés au loin dans les champs, la bannière ennemie flottant au sommet de l’une d’entre elle. Elle avait eu beaucoup de mal à se remettre de la bataille de Harln, du moins psychologiquement, ainsi que de la mort de Draknaar et de la plupart de ses chevaliers. Fort heureusement Kerouan avait survécu, l’avait soutenue et aidée à organiser les défenses du château en cas d’assaut.
Mais rien ; l’ennemi c’était contenté de rester loin des archers du château, et avait monté son campement voilà 7 jours de l’autre coté des champs l’entourant.

Tout avait été préparé, l’huile qui bouillait continuellement, prête à être déversée sur d’éventuels assaillants, les stocks de flèches en haut des murailles, de lourdes pierres entassées dans des paniers et les longues fourches en bois pour repousser les éventuelles échelles qui pourraient être disposées le long des murailles. Fort heureusement, elle avait bien suivi ses cours sur les stratégies militaires pendant son éducation. De plus, Kerouan et les chevaliers survivants, qu’ils
fussent des défunts Roi, Duc, Comte ou Baron et qui s’étaient ralliés sous sa bannière, était de fort bons conseillers et elle écoutait avec attention leurs explications fortes de leur expérience.

« Mais que fait donc l’ennemi ? » Se demanda-t-elle.
« Ils compte surement nous affamer »

Ils avaient engrangé tout ce qu’ils avaient pu, et comptait environ six mois de stock de nourriture. Pour l’eau, ce n’était pas un problème puis que le château était pourvu de ses propres puits. Elle tourna la tête en parcourant rapidement l’ensemble du château, constatant que toutes les sentinelles «étaient bien à leur poste puis entreprit de se diriger vers la salle du conseil du château afin de retrouver Kerouan et les chevaliers qui discutaient de la suite à donner.

- Bonjour Comtesse. Dirent quasiment en même temps et en s’inclinant les chevaliers et Kerouan quand Elheana passa
le seuil de la salle du conseil.
- Bonjour à tous. Répondit-elle.
- Ou en sommes-nous ? Demanda-t-elle.
- Et bien il semble que nous n’ayons pas grand-chose à faire Comtesse, répondit un des chevaliers.

Elheana parcouru l’assemblée du regard.

- Donc, si je comprends bien, vous nous conseillez d’attendre tranquillement que nous mourrions de faim ? Interrogea-t-elle.
- Pour l’instant et en l’état actuel des choses, il nous est fortement conseillé d’attendre, en effet. Répondit Kerouan.
- Et quand nous arriverons à manquer de nourriture ? Que se passera-t-il ? Demanda-t-elle.
- Nous aviserons à ce moment, Comtesse, mais nous pensons fortement que l’ennemi n’attendra pas.
- Tiens donc ? Et pourquoi n’attendrait-il pas que nous mourrions de faim ?
- Il est proche du but, il est impatient, il sait que ce château est la dernière place forte de tout le royaume. S’il tombe, ils gagnent la guerre et le Kormyr n’existe plus. Précisa un ancien chevalier du Roi.
- Alors espérons qu’il fasse une tentative désastreuse que nous puissions enfin terminer cette guerre. Répondit Elheana.
- Dans leur sang. Dit Kerouan.

Tous hochèrent la tête.

- De combien d’hommes disposent-ils à votre avis ? Demanda Elheana.
- Environ 500. Répondit Kerouan.
- Et de combien de soldats et de chevaliers disposons-nous ?
- L’attaque du camp par les bêtes a décimé nos troupes Comtesse, il nous reste 300 soldats et 10 chevaliers, dont
nous-mêmes, mais nous avons l’avantage des murailles, et comme chacun le sait dans cette pièce, il faut un nombre d’attaquant très conséquent pour faire tomber ce château. Précisa un ancien chevalier du Duc de Fortelle.
- Nous sommes si peu. Dit Elheana comme pour elle-même dans un souflle.

Un moment de silence tomba sur l’assemblée, puis Elheana se retourna en se dirigeant vers la porte.

- Je serais dans mes appartements si vous avez besoin de moi. Dit-elle, faisant claquer sa cape en partant.

Tous s’inclinèrent légèrement en la regardant partir, et pensèrent quasiment la même chose. Cette guerre avait décimé le royaume et nul ne savait comment elle se terminerait. Mais une lueur d’espoir régnait dans les yeux de ses hommes et femmes, qu’ils soient paysans, villageois, artisans, bourgeois, nobles, soldats ou chevalier.

Cette lueur d’espoir était ce château, le château de la Comtesse de Mortevallée.


(à suivre…)

L’homme courait à travers les champs, écartant les épis de maïs de ses mains pour se frayer un chemin, il haletait. Une centaine de mètres le séparait du château, il espérait arriver à temps. Derrière lui, le bruit de ses poursuivants se rapprochait. Le ciel était dégagé et le soleil brillait, il regarda la position du soleil tout en courant.

« bientôt midi » Se dit-il.

Il devait arriver au château avant ses poursuivants, l’avenir du royaume en dépendait et il était conscient des informations vitales qu’il connaissait. Il était éclaireur et sa mission était de s’infiltrer à proximité du camp ennemi afin d’en apprendre un maximum sur leurs intentions.

Cela faisait maintenant 1 mois que l’ennemi campait, ne donnant aucun signe de préparatif d’assaut, mais si un malheureux s’aventurait en dehors des murailles du château, alors on ne retrouvait que sa tête planté sur une pique en général au petit matin, le reste du corps disparu. L’éclaireur avait appris qu’il servait de repas aux bêtes.

Il essaya d’accélérer l’allure, le cœur prêt à lâcher par l’effort, mais aussi par la peur d’être rattrapé. Dans sa course, il prit un épi de maïs dans l’œil droit, il tituba légèrement en essayant de continuer à courir.

« Je dois y arriver, que le château soit informé de l’attaque de l’ennemi prévu pour cette nuit de pleine lune » Pensa-t-il.

Il sentit une brûlure sur son mollet gauche, il dériva de sa course puis tomba. Essayant de se relever une griffe énorme lui déchira le dos. L’homme tomba sur le sol entre les épis, raide mort, tué sur le coup. L’énorme masse de la bête s’approcha du corps puis se transforma en humain. Il le regarda, attendant que ses hommes le rejoignent.

- Ramenez le corps au campement. Dit-il quand ses hommes furent sur place.
- A vos ordres Monseigneur. Répondirent-ils

Le Seigneur Valkuran se tourna vers le château, huma l’air, puis observa les murailles, voyant la garde veiller sur les remparts. Valkuran était quelqu’un de très grand, aux muscles puissants déjà sous sa forme humaine et il était très vieux, très très vieux. Il était le plus puissant guerrier de son royaume après son empereur, même l’impératrice était inférieure. Il se remémora son royaume, les terres de Breenya, sa demeure de seigneur, sa famille. Il se retourna et commença son retour vers le campement, laissant ses pensées dériver.

Voilà des décennies qu’il conquérait des terres pour son Empereur, combattant ennemis après ennemis, ils étaient arrivés par la mer il y avait plus d’une dizaine d’années déjà et trouvait que les humains de se royaume était coriaces, mais ils finiraient par tomber, comme les autres.

Il faisait partit d’un cercle proche de l’Empereur et de l’impératrice, l’élite de la cour, les seuls à pouvoir se transformer quand bon leur semblait et tous étaient très vieux. L’Empereur était fier de lui, jamais il n’avait perdu de guerre et il avait reçut maint largesses en terres et esclaves.

Dans tous les royaumes conquis, les humains devenaient leurs esclaves, ils travaillaient pour eux, construisant des forteresses, des villes, des routes, des ponts et certains même, en récompense pouvaient devenir soldats après qu’ils aient prouvé leur loyauté.

Bien entendu, les nuits de pleine lune ou les jeunes Lycans se transformaient, tous ces humains devaient être protégés, sinon ils n’auraient plus d’’esclaves, ni de travailleurs, ni de soldats. Il n’y avait pas de prison à proprement parler dans les royaumes conquis, plutôt des garde-mangers ou l’on mettait les rebelles, les récalcitrants, les traitres ou ceux qui ne voudraient jamais plier devant la puissance de l’Empereur. Ils servaient donc de repas pour pouvoir contrôler les jeunes Lycan ou parfois de festin pour les anciens comme lui.

Il arriva au campement, regardant ses hommes vaquer à leurs occupations habituelles mais sachant tous que cette nuit, le royaume du Kormyr tomberait et viendrait s’ajouter à la longue liste de ceux déjà conquis.

La porte s’ouvrit et la servante d’Elheana apparue, un plateau de bois à la main dans lequel contenait un bol de soupe, un morceau de fromage et une tasse de thé. Elle entra et déposa son plateau sur une table du petit salon des appartements de la jeune Comtesse.

- Votre repas, Comtesse. Dit la servante.
- Merci. Répondit Elheana comme absorbée par ses pensées.

La servante s’inclina légèrement et elle sortit. Elheana sortit de sa rêverie, regardant le plateau distraitement, puis s’en approcha, examinant le contenu. Elle s’assit et pris la cuillère de bois posée à coté du bol de soupe. On frappa à la porte de nouveau.

- Entrez. Dit Elheana en soupirant, pensant que la servante avait oublié quelque chose.

Kerouan apparut sur le seuil puis entra dans la pièce.

- Bonsoir ma douce. Dit-il.
- Bonsoir. Répondit Elheana en souriant.
- Je viens te tenir compagnie pour ton souper, ta servante m’a fait savoir que tu préférais rester dans tes appartements, plutôt que de descendre dans la salle à manger commune.
- En effet, ce soir je ne suis pas de bonne compagnie, trop de questions flottent dans mon esprit et je suis d’une humeur distraite que je ne voulais pas imposer pendant le repas.
- Tu n’es pas malade au moins ? Demanda Kerouan le regard légèrement inquiet.
- Non, ne t’inquiètes pas, je ne couve rien.
- Alors puis-je rester t’apporter ma compagnie pendant que tu soupes, ma douce ?
- Ta compagnie m’est toujours agréable mon doux prétendant. Répondit-elle en souriant.

Kerouan lui rendit son sourire, détaillant les ingrédients du souper d’Elheana. Puis leva les yeux sur elle.

- Ce soir c’est pleine lune. Dit-il simplement.
- Je sais, une nuit dangereuse.
- J’ai fait tripler la garde, juste par précaution.
- Tu as bien fait, mais il est fort possible qu’il ne se passe rien, ils attendent je ne sais quoi.
- Il vaut mieux être prudent. Je préfère qu’ils attaquent de plein jour et sous forme humaine, que de nuit sous forme de bêtes.
- Tu as raison, espérons le.

Elheana termina son bol de soupe, ne touchant pas au morceau de fromage et entreprit de boire son thé. Elle se massa les tempes, l’air fatigué.

- Tu devrais te détendre, ma douce, laisses-moi te masser les tempes.

Elheana se leva et s’allongea sur son lit. Kerouan s’asseyant à ses cotés commençant à lui masser les tempes afin de la détendre. Ils se regardèrent un long moment, puis Kerouan approcha ses lèvres lentement de celles de sa promise puis ils s’embrassèrent langoureusement. L’excitation montait entre les deux promis, et dans leur fougue, ils commencèrent à se caresser tendrement l’un l’autre, Elheana pensant qu’après tout elle pouvait mourir demain et qu’elle voulait enfin profiter de son amour. Kerouan dans le même état d’esprit ne dit mot et profitait de l’instant présent.

Kerouan lui retira ses vêtements lentement, un à un, les faisant glisser sur le sol de la chambre. Quand elle fut nue, toujours en l’embrassant avec passion, il fit de même avec les siens puis, les deux amants se glissèrent sous les couvertures et ils firent l’amour.

Il était presque minuit, Elheana s’était endormit et Kerouan la regardait amoureusement quand le cor de l’alarme retentit, des gardes hurlaient de par et d’autre à l’extérieur.

« Aleeeerte, nous sommes attaqués ! »

Kerouan bondit du lit ce qui réveilla Elheana, elle aussi entendit les cris d’alerte des soldats. Sans mot dire, les deux amants se hâtèrent de se vêtir, s’aidant l’un l’autre pour attacher leurs armures de cuir. Ils coururent vers les remparts, et rejoignirent les soldats qui s’agitaient, l’un deux désignait une masse sombre s’avançant rapidement en direction du château à travers les champs de maïs et de blé.
Elheana essaya de distinguer ce qui composait cette masse sombre, mais comme à son habitude, ce fut Kerouan, avec ses yeux d’aigles qui vit exactement de quoi il s’agissait.

- Des Bêtes, ils se sont transformés, ils arrivent sur nous ! S’écria t-il.
- Que les archers se préparent. Cria Elheana à l’attention des soldats.

« Ainsi donc, l’attaque tant attendue est arrivée, que les dieux nous viennent en aide » Pensa t’elle.

Les archers armèrent leurs arcs, et sous le commandement de leur sergent firent voler leurs flèches en direction de la masse sombre distante de quelques dizaines de mètres. On distinguait beaucoup mieux les bêtes maintenant, et elles couraient vite, très vite. Les flèches s’abattirent sur les Lycans et certains tombèrent transpercés. Les chaudrons d’huile bouillante et les pierres furent déversés sur les bêtes qui arrivaient déjà au bas des murailles. Beaucoup furent brulées poussant d’effroyables cris. Les archers préparaient leur deuxième volée, quand certaines bêtes apparurent en haut des murailles, en tête, l’énorme monstre qui avait tué Draknaar lors de l’attaque du camp.

« Ils grimpent si facilement et si vite les murailles » Constata Elheana horrifiée.

- Ils sont dans nos murs. Cria-t-elle.

Un terrible corps à corps s’engagea, rappelant l’attaque de leur camp un mois auparavant. Des bruits de lames cognant contre des griffes se faisaient entendre, du sang se mit à gicler et se répandre sur les remparts, des soldats en tombait dans des cris de peur et de souffrance. Elheana et Kerouan défendirent leur vie avec toute l’énergie possible.

- Nous devons nous replier. Cria Kerouan.
- Oui, replions nous pour nous regrouper avec nos soldats.

Des bêtes sautaient des remparts, atterrissant à l’intérieur du château, commençant à déchiqueter les pauvres villageois et paysans réfugiés. Des soldats essayaient de les protéger, mais ils finissaient de la même manière. Devant l’horreur de la situation, Elheana ne savait que faire, cet ennemi était vraiment trop puissant au corps à corps. Il s’était répandu dans tout le château, massacrant les soldats les uns après les autres. C’était un immense cafouillis, Elheana comprit que tout était perdu, qu’ils ne pourraient organiser de défense coordonnées ni sérieuse devant ce carnage.

- Sortons du château par l’un des passages secrets. Cria-t-elle à Kerouan par-dessus le brouhaha.
- Je te suis ma douce. Répondit Kerouan, bloquant une griffe et réussissant à blesser au bras, la bête qui l’agressait.
- Essayons d'emmener le plus de personnes possible avec nous. Répliqua-t-elle.

Kerouan hocha la tête et ils se mirent à courir dans les couloirs du château en direction du petit salon. Elheana connaissait tous les passages secrets menant à l’extérieur, elle les avait tous parcourus en exploration durant son enfance. Le petit salon n’était plus qu’à une dizaine de mètre quand elle stoppa net. L’énorme créature qui semblait être leur chef était là, devant elle, bloquant le passage vers le petit salon et il avançait, menaçant.

Kerouan se positionna devant sa douce afin de la protéger. La bête attaqua rapidement, trop rapidement, Kerouan ne put esquiver et fut frappé à la poitrine de plein fouet, Elheana vit avec horreur la moitié de la pièce de cuir épaisse composant l’armure ainsi que le moitié de la cage thoracique de Kerouan voler et claquer contre un mur.

Poussant un cri de fureur, elle se mit en position de combat, tenant ses katanas fermement, prête à l’attaque du monstre quand elle sentit une horrible douleur sur son crâne. Puis elle tomba au sol, le regard vitreux, essayant de distinguer le monstre et de comprendre d'où venait l'attaque.

Sur le sol, elle comprit que c’était la fin, elle n'avait pas été à hauteur et espérait que les Dieux et son père lui pardonnerait. Puis ce fut le noir total.

(à suivre...)

Le noir, des gémissements, des plaintes étouffées, il fait froid, une odeur de sang et de sueur. Sa vision commença à revenir, d’abord brouillée puis de plus en plus net. Un mal de tête horrible lui tenaillait le crâne, elle toucha de sa main, ses cheveux étaient humide, elle poussa un petit cri de douleur puis regarda sa main, du sang, elle était blessée.
Sa vision était nette maintenant et elle observa les alentours, des barreaux, des gens autour d’elle, la plupart blessés. Elheana reconnu l’endroit, les cachots du château, alors ils ne l’avaient pas tuée, elle était encore en vie, pas comme Kerouan, elle se mit à pleurer en silence, mettant ses mains sur son visage.

Un bruit de pas se fit entendre descendant l’escalier qui menait aux geôles. Un homme d’une trentaine d’années, vêtu d’une armure de guerre aux symboles de l’ennemi fit signe au garde devant la grille de lui ouvrir. Le garde s’exécuta et l’homme approcha sur le seuil du cachot, balayant son regard sur les prisonniers dont Elheana faisait partit.

- Y a-t-il votre chef ou un noble dans cette geôle ? Demanda-t-il.

Tout le monde le regarda, certains tournèrent la tête vers Elheana mais ne dirent rien. L’homme insista.

- Si il y a un noble ou un chef dans cette geôle, qu’il se désigne ou nous exécuterons tout le monde pour l’exemple.

Des regards interrogateurs fusèrent vers Elheana, l’homme s’en aperçut mais Elheana se releva, essayant de rester droite et digne, elle pensait qu’elle allait être exécutée en place publique afin de soumettre tous les survivants et ainsi leur retirer tout signe d’espoir, et bien soit, elle ne faillirait pas devant le destin funeste qui s’annonçait.

- Je suis Elheana de Mortevallée, Comtesse de ce château et de ces terres. Dit-elle en regardant l’homme droit dans les yeux.

L’homme la regarda un instant de la tête aux pieds, puis la dévisagea.

- Suivez-moi Comtesse. Dit-il aimablement, ce qui surprit Elheana.

Ils sortirent des geôles puis remontèrent les escaliers et se dirigèrent vers ses appartements et ceux de feu son père. Elle avait les cheveux collés par le sang et ses vêtements étaient souillés, en partit déchirés mais elle restait droite pensant que sa vie arrivait bientôt à son terme. Sur le chemin de ses appartements, ils croisèrent des gardes, répartis un peu partout, certains fouillaient les moindres recoins.

Ils traversèrent la salle à manger et arrivèrent devant la porte du petit salon. L’homme frappa et une voix se fit entendre de l’autre coté les invitant à entrer. Ils entrèrent et Elheana examina le lieu, rien n’avait changé, pas de dégradations apparentes. Un homme en armure lourde se tenait au centre du petit salon, un sourire sur les lèvres. L’homme qui accompagnait Elheana s’approcha de lui et chuchota quelque chose à son oreille. Le sourire de l’homme en armure lourde se fit plus grand et il regarda Elheana, puis son accompagnateur se retira, les laissant seuls.

- Je suis le seigneur Valkuran, commandant en Chef et général de l’armée de notre empereur tout puissant des terres de Breenya. Dit-il.
- Je suis la Comtesse Elheana de Mortevallée, dirigeante des terres que vous occupez actuellement, et je vous serais gré de bien vouloir les quitter sur le champ. Répondit-elle sans la moindre peur dans la voix.

Le seigneur Valkuran se mit à rire.

- Je crois, Comtesse, que vous n’êtes point en position d’imposer ou de demander quoi que se soit. Une fois son rire dissipé.

Elheana ne dit mot, soutenant du regard le seigneur Valkuran, ne baissant pas les yeux.

- Vous avez perdu, votre royaume m’appartient désormais et tous les survivants sont mes esclaves, ou ma nourriture. Dit-il en souriant.
- Puisse les dieux vous envoyer aux enfers. Répondit Elheana.
- Ts.ts.ts. Comtesse, n’oubliez pas à qui vous vous adressez, j’ai votre vie entre les mains et je peux en disposer comme bon me semble. Pour l’instant, je n’ai pas l’intention de vous mettre à mort, mais ne me poussez pas à bout, vous le regretteriez.

Elheana fut étonnée mais essaya de ne rien laisser paraitre, elle pensait qu’elle finirait exécutée ou en nourriture à ces bêtes. Réfléchissant à la vitesse de l’éclair, elle décida qu’il valait mieux qu’elle garde la vie afin de pouvoir venger Kerouan, Draknaar et tous les morts tombés dans cette guerre décennale.

- Que m’avez-vous réservée comme sort si vous me laissez la vie sauve ? Demanda-t-elle.
- Mais c’est fort simple chère Comtesse, d’abord vous allez prendre un bon bain, faire votre toilette, puis vous vous donnerez à moi de votre plein gré, et ensuite je ferai de vous mon esclave personnelle tenant dans ma main votre précieuse vie. Dit-il.
- Vous pensez un instant que je me donnerai à vous volontairement et que je serais votre esclave ? Plutôt mourir sur le champ, jamais cela ne sera.
- Voyons Comtesse, je ne vous tuerai point, mais si vous tenez à la vie de tous ces gens dans les geôles vous en ferez selon ma volonté. Répondit-il en souriant.
- Vous menacez de tuer tous ces pauvres gens ? Ils ne sont pas responsable dans cette guerre, vous n’avez pas le droit.
- J’AI TOUS LES DROITS, ET SI VOUS NE VOUS SOUMETTEZ-PAS A MA VOLONTE, JE DECIMERAI TOUT VOTRE PEUPLE. Dit-il brusquement dans un accès d’autorité d’une voix emprunte de colère.

Elheana le regarda un instant, se disant que tout son peuple risquait de mourir.

« Bien, si quelqu’un doit être sacrifié ce sera moi » Se dit-elle.

- Je me soumettrai à votre bon plaisir Seigneur Valkuran, mais j’ai votre parole qu’en échange vous laisserez ce qui reste de mon peuple en vie. Lui dit-elle.
- Vous avez ma parole, tant que vous tiendrez la votre, ils seront nos esclaves et vos voleurs et criminels seront nos repas.

Elheana ferma les yeux et baissa la tête, elle était vaincue, le reste de dignité qui lui restait allait s’envoler avec cet homme dangereux et pour son bon plaisir par-dessus tout. Mais elle garderait espoir, car tant qu'elle vivrai elle aurait une occasion de se venger. L’homme appela le garde en faction derrière la porte qui entra rapidement.

- Conduisez la à ses appartements afin qu’elle puisse être plus présentable, et laissez la choisir une servante. Dit-il.

L’homme s’avança afin d’escorter Elheana vers ses appartements.

- Ma générosité me perdra, mais que voulez vous, je suis bon prince. Dit le Seigneur Valkuran quand Elheana arriva sur le seuil.

Puis il partit d’un énorme rire faisant résonner la pièce, savourant sa victoire, son Empereur allait être très content et il serait récompensé.

Elle dansait, elle dansait devant ses monstres, couchés sur de confortables coussins, savourant leur prise de guerre, le royaume du Kormyr. Elle n’avait pas le choix sinon comme l’avait précisé le seigneur Valkuran il y a 5 ans, il tuerait ce qui restait de son peuple. Elle aurait 24 ans dans 5 jours et Elheana continuait de ruminer des projets de vengeance, elle finirait bien par trouver un moyen car même si son peuple survivait, ils étaient tous esclaves et logés dans d’affreuses conditions.

Elle avait plus de chance que les autres en ce qui concernait ses mouvements, elle pouvait plus ou moins aller et venir dans les couloirs du château pratiquement à sa guise, enfin, si on pouvait appeler ça de la chance, elle était devenu l’objet de Valkuran, une esclave et un objet de plaisir quand bon lui semblait. Elle n’aurait jamais pensé que des personnes pouvaient descendre aussi bas dans l’avilissement des autres.

Elle continuait de danser, voyant les yeux de ses bourreaux briller à la lumière des flammes des bougies. Ils étaient disposés en cercle dans le grand salon sur des coussins à même le sol, discutant de temps en temps, mais gardant un œil sur elle.

- Alors mes frères, que pensez vous de mon esclave ? Dit Valkuran en regardant les autres.
- Délicieuse à souhait mon frère. Les autres hochant la tête.
- Ahhh celle-ci ne doit pas finir en repas mes frères, du moins pour l'instant. Tous se mirent à rire.

Elheana examinait ces nouveaux arrivants, des soldats venant directement de leur royaume, ils étaient les invités de Valkuran et il n’arrêtait pas de se vanter de-ci de-là sur sa conquête.

- La voulez-vous pour la nuit mes frères ? demanda Valkuran d’un regard interrogateur en parcourant le cercle de soldats.
- Volontiers mon frère. Dirent plusieurs voix en même temps.
- Ta générosité est légendaire parmi notre peuple. Dit un des hommes.
- Et bien soit, soyons bon prince, vous pourrez vous servir, je la ferai mener dans vos appartement tour à tour. Dit Valkuran en souriant.

« Quelle bande d’immonde porcs » Pensa Elheana si fort que ses yeux la trahit.

- On dirait que ton esclave n’’est pas très bien matée, mon cher ami. Dit un des hommes apercevant le regard d’Elheana.
- C’est une fougueuse j’en conviens mon frère, mais il n’en sera que meilleur pour toi dans ton lit, ou partout ou tu le désireras. Répondit-il.

Tous se mirent à rire, Elheana sentait qu’elle allait passer une très mauvaise nuit.

« Cinq longues années » Pensat-elle
« Il faut que je fasse quelque chose ou je vais devenir folle »

Le soleil brillait, la lumière filtrait par la fenêtre dans la petite chambre ou était logée Elheana. Un rayon de soleil vint frapper son visage, ce qui la força à ouvrir les yeux. Elle sursauta et bondit de son lit. Comme elle s’en était doutée elle avait passé une très très mauvaise nuit, et regardant la position du soleil par la fenêtre, elle s’aperçut qu’elle aurait du être levée depuis 7h et il était midi.

« Il est tard, trop tard » Pensât-elle.

La porte s’ouvrit brusquement et le seigneur Valkuran apparut sur le seuil. Elheana s’agenouilla devant lui.

- Pardonnez-moi de mon retard. Dit-elle.
- Il n’y a rien à pardonner esclave, comme tu t’es bien comportée cette nuit avec mes invités, je t’ai laissée te reposer, après tout, il parait que tu t’es couchée à 6h. Répondit-il.

Elheana acquiesça, elle était exténuée, elle commençait à se demander si la mort ne serait pas plus douce et viendrait soulager ses souffrances et toutes ces humiliations.

« Mais non, je dois tenir pour mon peuple » Pensa-t-elle.

- Merci Seigneur. Dit-elle, faisant semblant d’être soumise, une habitude depuis ces longues années de captivité.
- Bien, cet après-midi nous allons voir un spectacle. Dit Valkuran.
- Un spectacle ?
- Oui, une surprise, en l’honneur de mes invités et je compte sur ta présence à mes cotés, alors habille toi proprement.
- Dois-je encore danser ? Demanda-t-elle humblement.
- Non, nous sortons à l’extérieur du château et comme je viens de te le dire ce sera un spectacle.

Elheana acquiesça de nouveau en hochant la tête.

« Peut être est-ce l’occasion d’agir ? » se demanda-t-elle.
« Mais mon peuple ? Non je dois rester tant qu’il reste un espoir. »
« Mais quel espoir ? Celui de finir esclave pour le restant de mes jours, idem à mon peuple ? »

Valkuran sortit de la pièce laissant Elheana dans ses pensées, il prenait son attitude pour un signe d’affaiblissement, il pensait qu’elle allait bientôt être complètement soumise, surtout après le spectacle qu’il avait organisé, une dernière petite touche pour la faire basculé tout en régalant des yeux ses invités.

Elheana se releva et entreprit de prendre un bain, elle lança un regard machinalement vers le petit secrétaire, sachant qu’elle y avait cachée une dague voilà 2 ans de cela.

« Je dois emmener cette dague, une intuition » Se dit-elle.
« Il va falloir que je la cache bien, je sens que cette journée sera particulière, étant donnée l’attitude de Vulkaran ».

Elle se relaxa dans son bain, continuant à échafauder des tas de plans pour changer la situation.