Prologue...
Parfois une vie finit là où elle aurait du commencer, parfois le destin est cruel pour les êtres mortels dont il semble se jouer sans vergogne. L'histoire du petit être qui va vous être conté maintenant est avant tout celle d'un drame, ayant conduit l'amour de deux êtres vers une fin morbide et dramatique. Quand un amour interdit par les dieux eux-même tente de s'épanouir, alors ainsi se joue, le cruel acte mettant en scène les pantins désarticulés de la création...
Le sort est cruel pour les amants, et encore plus pour le fruit de leur amour.
Partie 1: la mort du faux jumeau...
En un jour funeste, une femme à la beauté renversante et au ventre rebondit se tord de douleur sur un grand lit couvert de draps élégants aux couleurs sombres. C'est une elfe noir portant en elle un fort héritage démoniaque prénommée Dulciahne mais tendrement surnommée Dulcinée. La belle à la peau gris-sombre retient un cri, elle souffre le martyr tandis que son front se perle de sueur. Son ventre gros se creuse tendis que la vie s'échappe en une nappe rouge depuis l'intérieure de ses cuisses souillant les draps sombres. La plainte alerte un homme au visage fier au front étroit, bardé d'une crinière de cheveux longs et d'un léger bouc, en partie couvert par un bandeau recouvrant deux yeux aveugles. L'homme gronde alors qu'il franchit un rideau de perles noires, son nez se fronce à l'odeur métallique du sang frais. Les billes maléfiques tintent doucement à son passage. L'être fier, fervent serviteur de la Nature Gaia et infant de Luna est un loup-garou répondant au nom de Seikyo et si le destin n'en décide pas autrement un futur père. Une main à la peau couleur de la nuit se crispe sur les draps tandis que la drow alitée enfonce sa tête dans son oreiller hérissant sa longue chevelure blanche aux reflets argenté, pliée par le mal qui la brûle en son ventre. L'homme-loup parvient au chevet de sa belle et saisit une main tremblante.
« -Parle-moi s'il te plait ! »
La belle aux jambes maculées de sang glisse instinctivement ses mains vers la vie qui s'échappe de son corps comme pour éviter le désastre. Le lycan, dans un sursaut, retire sa dextre au contact du liquide poisseux et se redresse brusquement.
« -Je vais chercher de l'aide ! »
Fuyant comme un fou et heurtant au passage les meubles entravant sa course, il se rue dehors alors que sa dulcinée hurle toujours.
Traversant la cité de Kain de toute la vitesse qu'il est capable, il se précipite à l'hôpital et s'écroule pratiquement sur la cloche pour y ameuter le corps médical.
« -QUELQU'UN ! A L'AIDE ! »
Un être sinistre se découpe alors dans la pénombre. Il n'est pas de ceux dont le physique repoussant attirerait les regards. Vêtu d'un ensemble pantalon recouvrant la majeure partie de son corps osseux et émacié à la peau blafarde dont l'accoutrement est complété par un affreux masque de métal recouvrant un visage qui ne saurait être vu sans causer la terreur. Cet être répondant aux appels désespérés est le terrible Nephilim Valdis, liche archimage et haut prêtre du culte voué à Kain, lui-même parent de l'elfe qui se bat contre son propre corps qui la trahi.
« -Quoi ? »
Seikyo rétorque, au bord de l'essoufflement :
« -C'est... C'est Dulcinée, elle... Elle va mal ! »
L'archimage qui dirige l'Inquisitorium frappe le sol de la pointe ferrée de son long bâton et grommelle.
« -Encore... Où est-elle ? »
Reprenant ses esprits et son souffle, le mari s'offusque devant l'indolence de la liche.
« -Quoi ? Encore ? » il réprime un grognement sourd « Errrr, elle a... Besoin d'aide ! »
Un autre homme, plus jeune et vêtu de sombre, pénètre à cet instant dans la pièce usuellement dédiée à la guérison et aux soins. Le loup aux abois se tourne vers le nouveau venu alors qu'il s'adresse au représentant de Kain.
« -A la kabash, chez... » et là son visage s'éclaire alors qu'il reconnaît un ami à l'odeur. « Hafiz ! »
L'interpellé s'étonne de voir Seikyo dans un tel état.
« -Mais quoi ? Que c'est-il passé? »
Le cynisme du mort-vivant est aussi sombre que l'aura qui l'entoure alors qu'il temporise vaguement.
« -Dulcinée a des problèmes... Cela surprend-t-il quelqu'un ? Mais... Bref... En route.
-Suivez-moi !
-Ayo. » Fait simplement l'ami.
Le mari s'élance à travers les ruelles, bousculant presque un badaud passant par là, suivit par l'archimage et le jeune homme.
Arrivant à la porte de la citadelle, il en ouvre le portail et pénètre dans la cour, se jetant sur la porte de leur domicile, Hafiz sur les talons. Tandis que le groupe entre dans la chambre et que l'osseux religieux claque des dents au sont du rideau de perles, la demi-démone repose inconsciente sur le lit, la coiffure étalée, épart sur l'oreiller tandis qu'une petite forme sanguinolente repose entre ses cuisses : un jeune bébé lycan sous forme canine non complétée et d'à peine six semaines git inanimée dans une marre de sang et de fluides. Le père se jette au côté de sa chère et tendre la humant vivement. L'humain se place près de lui pour le soutenir. La liche penche lentement la tête sur le côté en un tic physique reconnaissable alors qu'il s'approche de la scène, ses deux compagnons trop choqués pour oser le moindre geste envers la dépouille du petit être. Se penchant par dessus Hafiz il murmure d'une voix terrible et vide de mansuétude.
« -Vous voyez maintenant pourquoi Kain condamne la procréation d'Hybrides? »
La femme évanouie, battue par la douleur, s'étant lacérée les avants bras dans une ultime tentative de bataille, s'est vidées de ses forces pour préserver sa vie et refermer la plaie due à l'expulsion de l'embryon né trop tôt. Une forte puissance arcanique se débattant en elle contre la mort. Le mari tente un regard puis se tourne vers les deux autres hommes.
« -Qu'est-ce qu'elle a ! »
L'osseux rétorque avec froideur.
« -Vous le voyez bien, naii ?
Se murant dans le silence, le loup-garou s'assombrit alors que la liche prend la couverture souillée et d'un geste sec, enrobe le petit cadavre et le place précautionneusement sur le côté. Hafiz, reste lui aussi sans voix devant le drame, détournant le regard de la scène. Dénuée de tristesse la voix sinistre poursuit son diagnostique.
« -Elle a expulsé un petit de son corps. »
Poings serrés à s'en creuser des sillons dans les paumes, Seikyo est incapable de répondre quoi que ce soit et ne se contente que de baisser la tête, signe de son trouble. Comme d'un malsain plaisir, le mage enchaîne :
« -Et si vous tenez à profiter du spectacle peu ragoutant, il est lycan, mais difforme et mort-né. » Explique-t-il en se saisissant du poignet de la mère comme pour en vérifier le pouls. « Et là... Je crois qu'elle décède... Quoi que non... Peut-être pas... »
Le jeune homme émet un vague grognement et tourne les talons et quitte la chambre, ne souhaitant en entendre plus. Il descend au rez-de-chaussée et fait main-basse sur les première bouteilles d'alcool fort qu'il trouve. Le mari et père du défunt redresse la tête vers la liche.
« -Sauvez-la... »
L'être décharné acquiesce, se penche sur Dulcinée et appose une main sur le ventre en fermant les yeux, se concentrant sans un mot. Sous eux l'ami en un geste de désespoir pour le couple fait sauter le bouchon de la bouteille et en boit une longue rasade.
« -Ils vont vivre... » fait Valdis en fronçant les sourcils sous son masque. « Hum. »
Seikyo fixe le Nephilim, répétant sans y croire.
« -Ils ?
-Elle... et l'enfant à l'intérieur...
-Mais... »
L'être masqué prend le mort-né dans le drap et l'examine tandis qu'en-dessous une nouvelle gorgée de liquide ambré passe la gorge d'Hafiz. Le petit corps de lycan est déformé et montre les stigmates d'un manque de nutriments et de place, l'autre enfant s'étant comme débarrassé de son frère en absorbant tout ce que la mère pouvait leur apporter. Il referme le drap comme un paquet et le garde sous le bras. Au niveau inférieur, la bouteille continue de subir les assauts de l'homme alors que dans la chambre l'ambiance est terriblement maussade.
« -Bon. Elle est faible mais va survivre... » Commence le représentant de Kain. « Et... Vous aurez un enfant ou quelque chose qui s'y apparentera... Plus ou moins. »
Le mari semble réaliser, malgré son inquiétude, acquiesçant d'un visage grave.
« -Maintenant, vous allez devoir vivre avec... Ce qui va venir, quoi que ce soit... Et le reste du monde aussi... »
Hafiz de son côté pose la bouteille et part d'une prière envers le Dieu cruel qui a voulu un tel destin.
« -Kain, daigne accepter cet enfant à tes côtés et pardonne nos offenses... Lui qui n'aura pas connu la gloire de te servir, accorde-lui la félicité... » Entame-t-il.
La liche fait demi-tour avec le cadavre emballé dans les bras, quitte à son tour la chambre en concluant:
« -Là j'ai des doutes mais prier ne mange pas de pain... » Rappelle-t-il malignement au père.
Il descend et part se planter non loin d'Hafiz qui continue, prit d'une ferveur sans faille.
« -Car ses parents sont des fidèles de ton église et servent ton empire... Pardonne-leur leurs errances et daigne accueillir leur enfant prêt de toi... »
Seul, auprès de sa femme, le fier homme-loup s'affale sur le sol, s'adossant au lit il murmure de faibles grognements pour lui-même.
« -Si Gaia le veut... »
Le reste de ce drame se perd dans les limbes et se conclut par le déplacement de l'être lugubre et de son futur jouet sous le bras, quittant la demeure habitée par les larmes. Valdis part vers ses appartements à la Cité Impériale en prenant son temps, et avec en tête, de biens différents desseins pour le petit être ayant rendu l'âme en ce lieu...
((suite : Renaissance et Développement))