[RP] Indiscrétions judiciaires: Prologue - L'Inquisiteur

L’Inquisiteur passa la porte de la ville.
Oysten Paine entrepris la montée de la rue qui le mènerait vers le tribunal de Meridian.
La matinée était fraiche et la cité rutilante somnolait encore, belle alanguie attendant les assauts journaliers de multiples amants encore endormis.

Oysten Paine passa devant la taverne, fermée à cette heure.
Le pavé y luisait encore des restes de rhum et d’autres alcools renversés de la veille.
Les murs de l’endroit semblaient toujours vibrer des rires gras des soudards enivrés arrivés depuis peu.
Ils donnaient l’impression par leur humide reflet de toujours suinter de jets reçus de pisse et de sang, macabre signature des agapes de la nuit.

Plus loin, tel un espoir sortant de tant de crasse humaine, le théâtre s’ouvrait à la rue, rouge, orangé, presque indécent de pureté dans un monde pareil.

Telle une bouche gourmande légèrement entrouverte, le bâtiment s’offrait, susurrant aux passants intrigués de langoureux appels, les exhortant de vouloir dans un effort ultime se laisser happer par sa douce complainte.

Oysten arriva à l’angle de l’Hôpital.
On s’y activait. Des Hommes de science, ombres blanchâtres, penchés sur des corps étendus jouaient, acteurs bien rôdés de la comédie de la vie, à sauver celui-ci , à amputer tel autre, ou bien tout simplement à ne rien pourvoir faire, sauf à apporter un dernier réconfort.

Le Démon, s’arrêta quelques minutes, humant avec délice l’odeur des âmes en perdition.

Un groupe de rats et de chats faméliques, dérangés par le feulement mauvais émis par le diabolique passant se sauvèrent bruyamment, emportant dans leur gueule les restes sanguinolents d’un macabre festin. Dans leur fuite, les sombres fossoyeurs laissaient sur place, bien tristes funérailles, le corps défiguré d’un manant mort la nuit, de faim, de froid ou bien tout simplement de la dernière rencontre d’une haine ordinaire.

A la vue de ce corps, Oysten frissonna.
La bipolarité de son être profond lui sauta en pleine face.
Etre de pure malice ou capable de bon, le démon ressentait cruellement cette faille intérieure.
Ses nouvelles taches lui permettraient elles d’avancer dans sa quête infinie ? ((voir BG)).

L’Inquisiteur se ressaisit, enfila la rue descendant sur la droite en direction du marché aux légumes et aux fruits.
Les marchands s’activaient malgré l’heure matinale.
Les commères s’invectivaient, sous l’œil amusé des marins déchargeant poissons, soieries ou épices odoriférants venant de lointaines contrées.

Le démon leva la tête, la porte du tribunal, majestueuse, surmontée d’une statue représentant la justice, rempart infranchissable face à l’iniquité des citoyens de Meridian, grinça de manière lugubre.

L’Inquisiteur entra dans la grande pièce, la porte se refermant bruyamment derrière lui avec un bruit de couperet.
L’air semblait léger, le bois précieux des bancs du public exhalait une odeur sucrée de cire d’abeille.
Le box grillagé des futurs accusés, faisait penser à une gigantesque araignée attendant sagement une proie à saisir.
L’estrade des juges et jurés surplombait la pièce donnant à l’ensemble un air solennel.

Oysten descendit l’escalier qui menait aux geôles, au bureau des interrogatoires et à la pièce de repos de la garde.

Les geôles sur trois étages fermées de barreaux de fer attendaient, immuables acolytes de la garde de Meridian, prêtes à accueillir de futurs visiteurs en attente de jugement.
L’Inquisiteur laissa son regard embrasser la pièce, il nota les cordes de torture destinées à ceux pour qui la recherche de la vérité nécessiterait l’usage de moyen plus radicaux qu’un simple interrogatoire.

Oysten se réjouit à ce moment là de pouvoir compter pour ces missions délicates sur le co-inquisiteur Rapiak Horni, redoutable connaisseur des faiblesses des différentes races, et cachant sous une apparence aimable, l’âme sombre d’un redoutable démon.

L’Inquisiteur s’approcha du bureau des interrogatoires, s’y assis et commença à ranger les parchemins de procès-verbal, et les différents accessoires de sa fonction.

A ce moment, la porte d’entrée du bureau des interrogatoires s’ouvrit brusquement et un officier de la garde de Meridian entra tirant par les cheveux une jeune femme, que l’Inquisiteur sembla reconnaître comme l’ayant déjà croisé dans les rues de la ville …

« Magistrat .. cette femme une voleuse … m’a dérobé ma bourse ... j’ai des témoins, sur la place, j’ai pu la rattraper … Je veux porter plainte … »

(… A suivre – l’Affaire Tribunal Meridian contre Femme Myel)[/size][/size][/size][/size]

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