[RP] Indiscretions judiciaires: Acte I Affaire Myel Kamala

La porte d’entrée du bureau des interrogatoires s’ouvrit brusquement.

Un officier de la garde de Meridian entra, tirant par les cheveux une jeune femme.

« Magistrat .. Cette femme est une voleuse … m’a dérobé ma bourse ... j’ai des témoins, sur la place, j’ai pu la rattraper … Je veux porter plainte … »

Oysten leva la tête et observa les deux personnages s’avancer vers lui.

L’Inquisiteur reconnu la jeune femme qu’il avait déjà croisé en ville, … la mémoire lui revint soudainement … la taverne .. il s’agissait de l’une des serveuses de la taverne de Meridian …

Le soldat était homme de belle taille et de stature imposante.

Sa cuirasse sombre projetait, sous la lumière des torches du bureau des reflets d’un noir aveuglant.

Le frottement de son épée sur sa cotte de maille sonnait comme le lugubre chant d’un soir de bataille.

Il tenait dans sa main gauche gantée une bourse de cuir apparemment vidée de son contenu.

La jeune femme était brune au teint clair, simplement habillée, les cheveux défaits, revêtue d’une jupe bariolée et d’une chemise blanche, le cou enserré de nombreux colliers et de clinquantes babioles sans doute achetées au marché du matin.

Oysten fut surpris par le port altier de la femme.

Celui-ci semblait dénoter d’une éducation que l’Inquisiteur n’aurait pas imaginé rencontrer dans son tribunal.

Le soldat écumait de rage.

Il força la femme à s’asseoir devant le bureau de l’inquisiteur.

Il la maintint par l’épaule l’empêchant de se dérober à sa force.

« Sale menteur » persifla la femme, « je n’ai rien fait … je l’ai trouvé cette bourse .. Elle est à moi ».

La femme se tordait les mains, ses yeux lançant des regards de feu, la respiration accélérée par la haine qui l’habitait, elle hurla « voleurs vous-mêmes … tyrans … exploiteurs du peuple de Meridian .. Vous ne valez pas plus que moi ».

Le soldat répliqua par un lourd coup de son gantelet marquant douloureusement le visage de la femme.

Celle-ci se redressa, fière dans sa douleur, les yeux chargés de larmes, elle se figea dans un mutisme hargneux.

L’inquisiteur procéda à l’interrogatoire de la victime, notant les détails de sa déposition, le questionnant sur les témoins présents, le déroulé des faits, le montant du vol.

A l’issue de cette brève discussion, le soldat quitta la pièce, appelé urgemment pour réprimer un début d’émeute de la population contre les actes de l’Archonte despote régnant depuis trop longtemps sur Meridian.

Le silence retomba dans la pièce.

L’inquisiteur fit alors un petit signe à l’attention de la silhouette, restée jusqu’alors tapie dans la pénombre.

« Capitaine, pourriez vous assister cette femme pendant l’interrogatoire, je tiens à ma justice soit impartiale et ne soit influencée ni par le rang ni par l’argent ».

Brigid Stringer sortit de l’ombre où elle était jusque là restée silencieuse, attentive.

Seuls ses galons dorés de capitaine de la garde de Meridian luisaient légèrement trahissant sa présence.

Le capitaine s’avança, sa démarche était souple, presque féline.
Il émanait d’elle une complexe impression de grande force associée à une douceur dissimulée que seul un observateur attentif puisse déceler.

Ses ennemis la détestaient, craignant son adresse au combat et sa droiture légendaire.

Elle était sanglée dans un strict costume militaire qui ne pouvait effacer l’harmonie de sa silhouette, la finesse de ses traits était partiellement cachée par une abondante chevelure noire flottant sur ses épaules.

L’inquisiteur commença l’interrogatoire de l’accusée, Myel Kamala de son nom, qui après avoir opposé un mutisme complet aux questions d’Oysten accepta avec mauvaise grâce de répondre poussée en ce sens par l’insistance du Capitaine.

« Mensonges … ma bourse … je n’ai pas volé … je travaille honnêtement à la taverne … qu’il produise ses témoins » répétait la femme dans une litanie laborieuse mais animée d’une grande fièvre …

Oysten repris la parole :

« Vous savez Madame qu’à Meridian les voleurs auront une ou les deux mains tranchées en fonction de la gravité de leur acte »

Une lueur de terreur traversa le regard de l’accusée qui serra convulsivement ses mains sur sa poitrine dans un reflexe de défense instinctif.

L’inquisiteur réfléchit quelques instants puis, tel un chat jouant avec une souris, ajouta d’une voix douce …

« Je vous donne une chance de vous absoudre, l’argent a été retrouvé … la taverne où vous travaillez est, me dit t’on, un repaire de voleurs et d’assassins, apportez moi des éléments dans les prochaines heures sur leurs agissements … et vous serez amnistiée.

La jeune femme resta silencieuse, réfléchissant à l’offre et à ses conséquences…

Le capitaine Stringer se tourna alors vers l’accusée et lui chuchota … « acceptez .. C’est votre seule chance d’échapper à un procès et de risquer de perdre vos mains. »

Sans attendre l’inquisiteur rédigea le procès verbal suivant :

« « Tribunal de Nosgoth
1er Magistrat
Compte rendu d'audience
Accusée Myel Kamala

Accusation de vol sur officier de la garde devant témoins (à écouter). Peine possible : amputation des mains

Accepte d'aider la justice en contrepartie d'une libération et d'un effacement de sa peine.

Relachée provisoirement pendant 36 heures, pour periode probatoire. Doit rendre compte au tribunal ou au chef de l'intelligencia de tout fait entendu à la taverne.

Si aucun fait dénoncé avant l'expiration du délai de 36 heures, sera jugée et punie. Sinon sera libre si les faits dénoncés ont pu aider la justice.

Signé l’Inquisiteur du Royaume
Oysten Paine

accepté par Myel Kamala

en présence du témoin Brigid Stringer, Capitaine

Transmission au général de l'armée à qui il est demandé d'arrêter la femme Kamala si aucun fait dénoncé à Brigid Stringer ou au Tribunal avant 36 heures, soit dimanche 15 février de l'an 9 minuit

Pour exécution
Qu'il en soit fait ainsi » »

La rédaction à peine terminée la porte du bureau des interrogatoires s’ouvrit.

Une bouffée d’air frais venant de l’océan caressa légèrement les trois visages tendus.

Un homme se tenait dans l’encadrement de la porte.

Oysten releva la tête. Visiblement agacé par l’intrusion de l’inconnu il s’enquerra des raisons de sa soudaine présence.

« Je suis Iriam Shostakovich, tenancier de la taverne de Meridian et l’on m’apprend qu’une de mes employées se trouve actuellement en vos locaux » répondit l’homme.

Il s’avança dans la pièce promenant un regard rusé sur son agencement, notant la localisation des portes, la présence des cellules, d’une plaque d’égout, du couloir menant au tribunal.

L’homme était élégant, les cheveux insolemment répandus sur ses épaules, le front ceint d’un bandeau lui donnant un air presque sauvage.

Il était vêtu d’un pantalon de cuir noir décoré de rubans de soie rouge. Ses jambes sanglées dans de solides bottes lacées.

Le visage portant des anneaux rappelant ceux dont pouvaient se parer les pirates et marins.

L’attention de l’inquisiteur fut attirée par les armes que l’homme portait à la taille et que l’on aurait plus vraisemblablement imaginées entre les mains d’un flibustier que d’un paisible tavernier.

L’Inquisiteur ne laissant transparaitre aucune impression personnelle et se tournant vers l’homme ajouta « Elle peut vous accompagner, nous en avons fini ... pour l’instant »

Le démon tendit au capitaine et à la jeune femme un exemplaire du procès verbal avant d’en glisser le dernier exemplaire dans le tiroir du bureau.

« Allez madame, 36 heures n’oubliez pas …. »

La femme se leva d’un bond, et d’une démarche sautillante quitta la pièce en compagnie du tavernier …

(… A suivre – Cambriolage du tribunal, et Affaire Myel suite)

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